Brian De Palma, ce Maniériste
Brian de Palma reprend des codes dont il s'inspire ouvertement pour se les approprier et donner naissance à des scènes avec un style en propre. C'est en cela que l'œuvre de De Palma est une pièce unique à contempler dans son unité. Il arrive, en partant d'une multitude de clés laissées par ses prédécesseurs, à créer un univers et une entité particulière. Une esthétique du détail est mise en place, avec ici l'importance accordée à l'objet du meurtre, le rasoir. Ce rasoir est magnifié par les reflets de la lumière à plusieurs reprises. Il est mis en parallèle avec les différents miroirs, omniprésents. Il reprend également ses fameux split-screen et ses longs plans-séquence virtuoses, présents dans toute son œuvre.
A l’instar de Hitchock dans Psycho, De Palma reprend le tour de force scénaristique qui consiste à faire mourir le personnage dans le premier tiers du film. Ainsi, on s’attache à une femme, qui va mourir dans les trente premières minutes, et devenir l’objet du film tout en n’y faisant plus d’apparitions. Angie Dickinson ira même jusqu’à dire que c’est le meilleur rôle de toute sa carrière.
Par ailleurs, ce film est un subtil mélange de genres. On passe du drame romantique, au thriller en allant flirter avec le film à caractère pornographique. Ce mariage se fait de façon très délicate sans frontière notable. De Palma peut ainsi aborder plusieurs thème qui sont chers à son œuvre: la dualité psychologique, la transexualité, la frontière entre rêve et réalité.
Ce film n’est pas sans laisser penser à son dernier film, Passions qui reprend le fond et la forme de Pulsions. Nous sommes face à des thrillers psychologiques, sur fond d’ambiguïté sexuelle. Le jeu sur la frontière entre rêve et réalité est présent dans les deux œuvres. A de nombreuses reprises, le spectateur est perdu dans les songes des personnages, et ne sait plus différencier ce qui est réalité ou fiction. Une façon pour le réalisateur de faire une mise en abime du cinéma. Il nous renvoie à notre condition de spectateur. Il met en évidence le fait que le cinéma peut nous perdre dans ces frontières du réel. Le cinéma s’attache à montrer le réel tout en n’étant que fiction, et peut jouer avec ces deux nuances afin de rendre le spectateur confus et immergé dans cette dualité. Le scénario du film d’ailleurs, est inspiré d’un fait divers. Il est tiré en partie d’un article de presse qui évoque une série de meurtres sordides survenus dans le milieu gay underground new yorkais.
Pulsions est donc un film aux abords très classique, mais au fond très abouti qui fait référence à l’œuvre de De Palma dans son intégralité, ainsi qu’à celle de ses prédécesseurs qui sont ses sources d’inspiration.