Le rôle d’une bonne suite, bien souvent c’est d’étendre un univers, qui dans un premier temps n’existait que pour fonctionner avec le premier film. Beaucoup de suites se ratent, car elles répètent trop les ingrédients du premier. C’est le piège ma pauvre Lucette. Mais il existe un énorme nombre de suites qui ont su bien interpréter leur rôle. Et bien, c’est le cas avec « Puppet Master II », qui à défaut de se révéler un bon film, est une excellente suite !
Puisque c’est un second volet il en faut plus, l’important réside dans le fait d’en montrer toujours plus, mais à moindres frais. Alors débarque André Toulon, le monsieur qui s’est suicidé au début du premier film. Dans une variation qui fleure bon l’Homme invisible de chez Leader Price, il incarne la dimension angoissante de ce second volet.
Plus malsain, dans une ambiance plus sombre, il y a un gore sympa, bien qu’un peu timoré par moment. Quelques passages s’avèrent peu ragoûtants, comme cette soupe verdâtre (qui n’est pas sans rappeler les régurgitations extra-terrestres du « 'Bad Taste » de Peter Jackson), assaisonnée de morceaux de viandes humaines. C’est un peu dégueulasse et ça a son effet, il faut le dire.
Il est possible de noter un abus des séquences avec la marionnette The Torch, qui comme son nom l’indique aime mettre le feu. De fait, beaucoup de gens dans ce film prennent feu. Il devait certainement y avoir une ristourne sur les cascadeurs qui prennent feu… ne pas oublier l’œil vigilant de Charles Band sur les bonnes affaires !
À l’instar du premier, un soin tout particulier est mis sur les effets spéciaux. Des marionnettes toujours convaincantes et des maquillages amusants, témoignent d’une certaine passion venant des personnes derrière la caméra. Se dégage du métrage une envie d’offrir [malgré tout] une œuvre qui saura satisfaire un public (si Charles Band veille tout de même à ce qu’il ne faille pas trop trop lui en donner quand même, et ben le résultat à de la gueule).
Il est dès lors assez peu étonnant d’apprendre que David Allen, l’homme derrière la caméra est en réalité l’animateur des marionnettes du premier « Puppet Master », et donc de celui-ci. Multicasquette, en plus d’économiser un salaire supplémentaire, il possède un naturel bien à lui pour mettre en scène ses créatures. Avec un rendu bien supérieur au précédent film, le travail des animateurs prend une dimension plus centrale. Car, rappelons-le, c’est quand même là ce qu’il y a de meilleur dans ces premiers Puppet Master.
Plus perchée, plus fun et plus jusqu’au-boutiste que le premier dans l’horreur, cette suite parvient à se démarquer, avec un rythme plus tenu, des meurtres inventifs, bien que mal filmés [sauf les marionnettes], ainsi qu’une ambiance horrifique maîtrisée. Et à la légende André Toulon de prendre naissance lors d’une séquence absolument malsaine et ghotiquement gore.
“Puppet Master II” réalise ainsi toutes les attentes d’une séquelle de qualité, en lançant de nouvelles pistes dans l’univers. Il pose des questions dont les réponses sont déjà envisagées dans d’autres suites (Charles Band est un malin !). Ça en devient presque fascinant de voir cette saga se mettre en place, et ça lui donne une dimension inattendue, bien que oui, très clairement le premier se suffisait à lui-même.
-Stork._