Comment peut on faire pusher comme premier film ultra réaliste sur le milieu de la drogue à Copenhague et the neon démon comme dernier, sorte de film d'auteur puisant dans le goût des giallo et bien d'autres genres, ce qui donne une sorte de film mutant voulant à la fois choquer visuellement et, bien sûr, porter un constat sur l'Amérique d'aujourd'hui.
NWR est dans une démarche de déconstruction totale de son image à chacun de ses nouveaux films : il fait un film complètement hollywoodien avec un scénario et une mise en scène au profit de l'histoire et alors au profit bien évidemment du public, bien que résumé ceci à drive est un gros scandale puisque ce film est un monstre d'ingéniosité d'intelligence et de visuels marquants. Et ensuite tranquillement il se casse à Bangkok pour faire un film à la limite expérimental là où la plupart l'attendait plus à rentrer dans les conventions d'Hollywood et peut être alors plus tard à faire des pâles copies de "ce super film en voiture avec Ryan".
Mais Nico il est comme ça, il est là ou personne ne l'attend. II veut rester libre et créer se détachant le plus possible des grosses boites de prod . Alors la plupart du temp, avec un budget extrêmement limité, il a un pouvoir de création en roue libre. Mais avec peu d'argent difficile de faire des beaux plans? NWR tourne cette faiblesse en une forte force en économisant l'argent avec la précision.
Et quand on voit sa filmo on ne peut qu'approuver la précision comme une force. Winding Refn utilise avec brio des faiblesses pour les transformer en forces.
Dans pusher son premier film son intention première était de faire un film d'action de gangster à la manière de john woo, en tout cas c'est l'idée de mise en scène de son court métrage qui a inspiré pusher du même nom. Mais avec les restrictions budgétaires NWR réfléchi, cherche à combler ses contraintes imposées.
De la vient l'idée de l'authenticité, jamais la vie de gangster a été aussi bien transcrite à l'écran. Une vérité criante sort des images, la qualité médiocre de la camera due a une image extrêmement bruitée surtout dans le noir retranscrit parfaitement l'ambiance glauque, sombre, dégueulase, bruyante et répugnante de leurs vies de malfrats poisseux : en effet NWR décide dans sa mise en scène une esthétique peu soigné plutôt misérable et point recherchée.
Avec ce procédé il veut emmener le spectateur dans un réalisme pur, la ou par exemple les dardenne auront fait le choix de la passivité créative en filmant simplement sans recherche esthétique et aurait proclamer haut et fort filmer un réalisme social.
Dans pusher les couleurs rouges saignantes évoquant toute la violence du milieu, les néons verts crades évoquant le glauque et le ciel toujours gris ou blanc évoquant l'ennui, le pessimiste permettent de montrer la laideur esthétique. On ajoute à ça une camera portée même plus à l'épaule mais au bras et on obtient en parfaite harmonie, une esthétique crue servant à augmenter le réalisme pessimiste de pusher.
L'ambition de pusher c'est de décrire de la manière la plus abrupte le milieu de la drogue à Copenhague.
Il prend alors la démarche de démystification des affranchis en filmant le quotidien, des scènes banales filmées dans leur ensemble comme par exemple quand frank et tonne vont faire leurs courses à la pharmacie avant le traffic.
Cette scène est filmée en temps réel, alors que l'essence cinéma c'est de déformer le temps ici il ne joue pas avec pour nous faire oublier qu'on est au cinéma et pour casser le 4 eme mur.
Le film prend tous les codes de démystification des affranchis pour les pousser encore plus loin dans le délire.
Dans un une scène dans la pharmacie on peut voir sur un miroir le caméraman, peut être oublié par NWR ou peut être un volonté de le voir par le réal qui emporte alors le spectateur comme acteur, nous devenons les gens derrière l'écran qui ne voient pas un film mais qui sont en ce moment en train de filmer deux truands de Copenhague.
Encore des centaines de choses à dire sur ce film comme la scène d'intro, idée brillante pour présenter ses personnages ou comme l'utilisation parfaite de la musique collant parfaitement aux scènes, une union parfaite entre musique et image est posée dans ce film et ne sera jamais dissociée ou encore le jeu d'acteur très improvisé et donc réaliste et aussi la scène de fin d'une tristesse et d'un constat désolant sur le monde.
Putain qu'est ce qu'il est fort ce NWR.