juin 2010:
Cette version de l'oeuvre de Shaw doit énormément à la prestation d'une toute jeune actrice. Wendy Hiller joue là son premier rôle devant une caméra. Pas vraiment belle mais nantie d'une gentille frimousse et d'un tempérament pétillant, la comédienne que je retrouve avec bien plus de plaisir dans le savoureux "Je sais où je vais" de Powell et Pressburger, tient le film sur ses épaules.
Car, qu'on ne vienne pas me dire que Leslie Howard apporte quelque chose d'intéressant dans ce film. Dans mes souvenirs, j'ai bien du mal à retrouver une prestation marquante de cet acteur. Ici il est épouvantablement mauvais. Le soin qu'il prend de manière presque maladive à imprégner chaque geste d'une déplorable emphase ou pire encore à laisser sa face figée jusqu'à l'instant pénible où il l'anime sans subtilité et de façon si soudaine, ce soin est à ce point si auto-destructeur qu'il finit par être irritant. En ce qui me concerne, il y a véritablement un mystère Leslie Howard. Je ne comprends pas, j'avoue cette faiblesse, comment ce comédien médiocre a pu faire une si longue carrière cinématographique. Peut-être que son jeu était plus adapté à la scène? Fort probable. Mais que la caméra est cruelle! Les expressions deviennent grimaces, le murmure devient hurlement.
Par conséquent vous comprendrez qu'il est difficile pour moi d'accrocher au film dont la substantifique moelle réside dans l'ambiguïté de leur relation. Or, la connexion entre les deux personnages ne se fait pas, ne se lit pas sur l'écran. Malgré tous les efforts de Wendy Hiller pour faire passer son émotion dans son discours final, je n'ai pas été touché outre-mesure, ne croyant pas trop à leur histoire. Très peu d'éléments nous ont permis jusque là d'y porter foi, de ressentir cette complicité, cette idylle croissante. La mise en scène est somme toute très linéaire, j'ai envie de dire "évènementielle" et dévoile peu d'ambition sur ce point. Comme si c'était trop difficile de préparer le terrain avec finesse aux déclarations finales, comme si la narration de cette relation représentait un sommet infranchissable.