Dans les cercles érudits d’étude des flatulences, le pet lourd est considéré comme le parent pauvre du pet maçon. En effet, malgré sa fâcheuse tendance à dessiner des traces de mortier qui font grincer des dents les femmes de ménage, ce dernier a au moins le mérite de produire un son raclé fort mélodieux. Le pet lourd, lui, en plus de repeindre sans respect chaque millimètre du tissu, éructe un bruit bien trop chargé pour qu’on n’en décèle autre chose que les résidus d’une soirée trop riche en flageolets.
Vous l’aurez compris, cette introduction olfactive permet un parallèle rapide vers le métrage Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu. Tentant l’exercice difficile du pet maçon (à savoir gérer les sorties de route afin de ne pas répandre trop rapidement ses effluves nocives), il échoue complètement dès les premières minutes et se transforme lentement en pet lourd monstrueux, qui n’aura de cesse d’enfumer l’audience qui n’en demandait pas tant.
En effet, critiquer les préjugés en les embarquant avec soi pour mieux s’en moquer, est une idée brillante (bien que vue mille fois ailleurs) mais qui demande une grosse dose de subtilité pour ne pas se transformer en ce qu’elle dénonce. Le film tente alors de mettre tout le monde dans le même sac (chinois fourbe, arabe voleur, juif grippe-sou…) mais se concentre tellement sur le « problème noir » qu’il pourrait alors se résumer en cette phrase : « ok, on peut tout accepter, juif, chinois, arabe mais pour le noir, merde, va falloir vraiment qu’on y mette du sien… »
Rire de l'anus de son voisin n'est pas un crime, mais convier toute sa famille à le faire est inadmissible – Proverbe malien
C’est donc un pet lourd, qui tente de paraître maçon, mais dont le manque évident de finesse le dévoile immédiatement aux spectateurs avisés. On ne gardera de la séance qu’une immense envie d’aller à la selle pour soulager nos dessous injustement salis.