En 2019, nous avions laissé Philippe de Chauveron en pleine crise d'inanité artistique : en effet, avec Qu'est ce qu'on a encore fait au Bon Dieu ?, il avait livré non pas un film, mais un véritable tract politique pour Debout la France qui se serait trompé d'époque, tant une certaine imagerie des années 70 envahissait l'écran.
Tout comme certains clichés agressifs de races, il faut bien l'avouer.
Tout comme une nullité des plus agressives à l'oeil à l'oreille, qui se permettait de présenter comme une comédie ce qui n'était qu'une succession de blagues douteuses de fin de banquet déclamée avec le verbe haut de ceux qui n'ont plus aucun filtre.
En 2022, Qu'est ce qu'on a tous fait au Bon Dieu ? ressemble tout simplement à un lendemain de cuite douloureux, quand on croit que les cheveux poussent à l'intérieur du crâne et que la gueule de bois carabinée résiste à tout le tube d'Alka Seltzer pris sans eau.
C'est donc dans une certaine mollesse, voire dans la lassitude, que sera appréhendé ce troisième opus d'une saga successful et multi-millionnaire qui semble déjà tourner en rond, n'envisageant de descendance qu'en élargissant la famille Verneuil à l'infini. Et en feignant d'adoucir son propos.
Sauf que sur ce registre, il n'y avait plus beaucoup de victimes. Et donc, tandis qu'on radote sur le fait que les asiatiques se ressemblent tous, ou encore que juifs et arabes ne peuvent que reproduire le conflit israélo-palestinien en France, on ne trouve rien de mieux, cette fois, que de s'attaquer aux vegans... Et aux Chleuhs.
Une parodie d'allemand, du reste, qu'on ne trouverait même pas dans Papy Fait de la Résistance.
A tel point que Qu'est ce qu'on a tous fait au Bon Dieu ? semble n'opter que pour un sentiment étrange de confort bourgeois qui ne choquera plus grand monde, sauf ceux qui se croient obligés de convoquer le fantôme de Zemmour pour vous dire à quel point ce serait encore nauséabond.
Et une certaine conception ringarde de la comédie française, pouvant réserver une ou deux tirades qui pourront à la limite faire sourire, mais surtout une parodie lamentable de Super Mario, des moments de dépit insondable, un peu de consternation et de pisse de chien sur un tableau de maître. Et d'asiatique bourrée.
La fixette de Philippe de Chauveron sur un Jésus noir au milieu de ce marasme en apparaîtrait presque comme un sommet de finesse.
Comme ce moment, bien sûr en fin de course, puisque tout doit se terminer en bouffe et en fête, où l'on appuie bien sur le fait que ce troisième épisode a légèrement changé de braquet. Quand le réalisateur, après une certaine idée du vivrensemble, a entendu s'intéresser d'un peu plus près aux relations compliquées entre parents et enfants, ou aux fractures animant chacun de ses couples... A coups d'écriture paresseuse et de péripéties random.
Un triste renouvellement de voeux qui n'est pas près de ressusciter une quelconque dignité de la comédie française.
Behind_the_Mask, Dieu seul le sait.