Quai d'Orsay, film qui ne m'intéressais pas plus que ça à sa sortie, je m'attendais à un film politique pas pour moi, je n'avais d'ailleurs même pas visionné la bande annonce, et puis quand j'ai vu Bertrand Tavernier à la réalisation et que le genre était finalement la comédie je me suis dis que je le verrais finalement bien un jour, et ce jour est arrivé, j'ai profité de sa diffusion sur Canal + pour sauter dessus.
Et bah mon pompiste j'ai pas été déçu, je ne m'attendais vraiment pas à cette comédie piquante et inventive qui m'a embarqué du début à la fin, je ne connais absolument pas la bande dessiné dont est tiré ce film d'où je pense ma surprise. Une vraie bouffée d'air frai, Tavernier nous embarque dans cette énorme immeuble du Quai d'Orsay peuplé de pièces quasiment vides et pourtant géantissimes, et ce cher Bertrand dont j'ai aimé les quelques films de lui que j'ai vu dénonce en quelque sorte, j'ai pas d'autre mot là tout de suite, il dénonce la futilité d'un tel bâtiment aux mains de ces feignants qui passe leur temps à bavasser et brasser du vent.
Il y a vraiment une part qui pique cet univers, celui des ministres et de ses employés qui ne servent au fond pas à grand chose, mais il y a cette autre part qui m'a surpris, la comédie, le coté théâtrale et déjanté, c'est vrai qu'en y repensant le coté BD est totalement respecté, avec ces feuilles qui volent dès que le ministre ouvre une porte et la manière dont il se déplace, un coup il est en haut d'un escalier et paf le voilà déjà en bas en une fraction de seconde, ce coté très rapide et énergique m'a complètement emporté, et cet humour excessif et tout bête m'a fait passer un moment exquis.
Rien que le coup du stabilo, c'est tout simple, tout bête mais si drôle car c'est ressassé et ressassé, c'est limite poussif ce qui rend le tout absurde et très drôle par conséquent, d'ailleurs lors d'une scène le ministre stabilote l'écran de l'ordinateur portable d'un de ses employés, j'étais écroulé.
Thierry Lhermitte qu'on ne voit plus beaucoup, où du moins dans pas grand chose d’exceptionnel trouve ici un rôle taillé pour lui, il se lâche complètement et ne se retient pas, ça fait plaisir de le voir en si grande forme, il s'amuse comme un gosse avec ce personnage incompréhensible qui prône les bouquins stabilotés.
Raphaël Personnaz à qui je n'avais jamais vraiment prêté attention se révèle très très bon dans ce rôle du pauvre Arthur qui se démène comme un fou pour offrir quelque chose de bien au ministre qui n'est jamais content de son travail, belle prestation.
Niels Arestrup, acteur que j’estime beaucoup et qui n'a clairement plus rien à prouver est ici mémorable, peut-on être aussi fatigué quand on fait un métier si peu mouvementé ? Tout ce qu'il a à faire c'est passer des coups de téléphone et écrire des choses derrière son bureau, malgré tout ça il est prêt à s'endormir tout le temps, ce qui crée des scènes cocasse au possible, rien que de le voir piquer du nez ça me tue de rire, ce mec sait tout faire, et cette petite voix basse qu'il prend, franchement une perle ce rôle.
Raffaelli, Gayet, Frémont et les autres complètent formidablement le casting, même Jane Birkin qui fait une apparition dans une scène irrésistible.
Tous ces bons acteurs sont fabuleusement dirigés par un Bertrand Tavernier qui s'éclate, il arrive à donner un souffle énergique et très prenant que je n'ai pu qu'aimer, la réalisation est top, la musique entraînante et originale provoque une légèreté, et puis le scénario mêle humour invraisemblable et démontre également que ce métier n'est pas aussi important que cela, enfin c'est du moins ce que j'ai compris, je peux me tromper mais au vu des réunions interminables et des banalités qui se passe dans cette grande baraque d'une classe indéniable c'est pas très flatteur.
En bref, une découverte rafraîchissante et follement plaisante.