Quai d'Orsay par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Que diable allait-il faire dans cette galère, Arthur Vlaminck, un jeune homme tout droit sorti de l'ENA ? Lorsqu'il met les pieds dans l'engrenage du Ministère des Affaires Étrangères, il ne se doutait certainement pas que le locataire des lieux, un certain Alexandre Taillard de Vorms, le prendrait sous sa coupe afin de rédiger ses discours. Ce ministre aussi tourbillonnant que vulgaire et dédaigneux refuse les textes du nouvel arrivant. "Monsieur le Ministre" a la science infuse et se fiche carrément des suggestions des membres de son équipe et du jeune énarque par la même occasion. Arthur va tout de même tenter de s'intégrer avec l'aide de Claude Maupas, le directeur de cabinet, mais il lui faudra de la patience et beaucoup de philosophie...


Arthur vivait une existence plaisante avec Marina sa fiancée mais voici que tout à coup cette vie se trouve bouleversée. Lui qui entre dans le monde professionnel devient ou plutôt est sensé devenir "la plume" de Taillard de Vorms, le locataire du Quai d'Orsay, qui affiche une certaine vraisemblance avec un ancien ministre ayant occupé ce ministère. Cet homme est un hyperactif dans un corps d'athlète. Il est partout, il est omniprésent, insolent, blessant dans ses propos et dans certains de ses actes. C'est le "Roi Soleil" qui règne sur sa cour, cette cour composée de gens résignés, fatigués, usés par les gesticulations et les propos de leur chef suprême. D'abord surpris, puis fataliste, le dévoué Arthur Vlaminck va devoir, comme tous ses collègues, délaisser sa vie privée, absorbé par ce ministre d'un ego sans pareil. Les ordres fusent sans cesse, les portes claquent, Claude Maupas, le chef de cabinet, passe certaines nuits dans son bureau, le "démon" pouvant surgir à toute heure. Les conseillers courent sans cesse. Les idées, les discours qui sont soumis au "tout puissant" sont bien sûr refusés de façon méprisante. Les visiteurs officiels sont parfois expédiés, "Monsieur" a ses priorités pulsionnelles. Les voyages se succèdent, la petite troupe suit son chef comme elle peut. Aux questions posées par celui-ci le "OUI l'emporte, Taillard de Vorms ne supportant aucune contestation. Pendant ce temps, Arthur Vlaminck tient le coup: Claude Maupas lui a appris à réagir face au "personnage tout puissant" et à composer avec le reste d'une équipe pas si soudée que cela mais besogneuse.


Ce film est tiré de la très bonne bande dessinée du même nom de Blain et Lanzac. Bertrand Tavernier en décidant de s'attaquer à ce sujet au cinéma devait au moins faire aussi bien et j'estime que le pari est plutôt réussi. Les personnages sont conformes à ceux des deux albums: leurs traits de caractère et l'histoire assez originale sont parfaitement en phase. En ouvrant les portes de la "fourmilière" du Quai D'Orsay, le réalisateur nous offre un film drôle et certainement réaliste au niveau notamment du personnage principal parfaitement reconnaissable.
Bertrand Tavernier a fait un choix très judicieux au niveau de ses interprètes, à commencer par Thierry Lhermitte dans le rôle du ministre aux longues jambes, sûr de lui et méprisant, faisant voler la poussière et les feuilles de papier lors de ses déplacements tonitruants. Raphaël Personnaz interprète Arthur Vlaminck, le benjamin de l'équipe, débarquant dans ce monde bouillonnant et sans vergogne, essayant de tenir le coup en se privant autant de sa vie de famille que de sommeil, écrivant des pages et des pages de discours qui rempliront les corbeilles du ministère. Je tiens à signaler l'excellente performance de Niels Arestrup qui nous brosse le personnage de Claude Maupas, un chef de cabinet parfois stressé, parfois résigné mais souvent de bon conseil pour le dernier arrivé.


Ce film est donc une bonne surprise et je n'éprouve, après avoir lu la bande dessinée, aucune déception. L'adaptation est donc réussie, le moment passé en compagnie du ministre "super tonique" et de son équipe surbookée est bien agréable et parfois surprenante.


Note: 7/10

Grard-Rocher
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le 4 mai 2015

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