C'est amusant comme certains films peuvent marquer plus que d'autres... Là par exemple, j'avais quasiment tout oublié de cette nouvelle adaptation de Steeman par Clouzot, me souvenais juste de Jouvet et de son fiston, tant mieux, c'est beau de redécouvrir des petites merveilles...
C'est le premier film de Clouzot d'après-guerre, les misérables eunuques de l'épuration ayant jugé bon de censurer à vie le génial réalisateur du Corbeau, il a fallu tout ce temps là pour qu'un des plus grands talents de la réalisation française puisse encore nous éclabousser de sa virtuosité...
En fait, c'est amusant, Jouvet met un temps fou à arriver, avant on s'occupe de Susy Delair, chanteuse prête à presque tout pour réussir et de Bernard Blier, son mari jaloux... Alors, quand un jour un vieux pervers qui avait des vues sur elle se fait dessouder, vous imaginez bien que ça se complique...
Paris après l'occupation... C'est dingue comme Clouzot filme comme un dieu en fait, il y a des scènes absolument bouleversantes par la simple perfection de leur mise en scène... Tous les procès-verbaux au quai des orfèvres, Suzy Delair qui chante Danse avec moi, la fin, et chaque apparition de Jouvet, bien sûr...
Parce que, en fait, si Suzy Delair et Blier s'en sortent très bien, s'il faut ici citer Renant qui compose un personnage fascinant, si le moindre huitième rôle est absolument idéal (l'espèce de greffier, bordel !) en fait, c'est rien à côté de Louis Jouvet dans son meilleur rôle, perfection absolue et indépassable ou chaque syllabe est une merveille pour les esgourdes, et ou la bougonnerie devient presque susceptible de vous arracher des larmes...
Avec ça, c'est férocement drôle et palpitant de bout en bout... c'est malin, j'ai des envies de vrais films maintenant, et on sait plus en faire...