Quai des orfèvres présente bien sûr une enquête policière, en l'occurrence sur le meurtre d'un vieux dégueulasse. Mais si celle-ci fait montre d'une efficacité imparable, son importance n'est que secondaire dans la superbe du film.
Plutôt que de chercher à passionner le spectateur par la seule recherche du coupable, Clouzot se sert en effet du crime comme prétexte à une étude bien plus exhaustive.
Peinture sociale du Paris populaire de l'immédiat après-guerre, fresque amoureuse tragique et tendre, description minutieuse des méthodes du fameux 36, suivi haletant de personnages cernés. Chacun pourra y trouver son compte, et se retrouvera immanquablement charmé par la profondeur des protagonistes, la véracité des liens qui les unissent et désunissent, le soin extrême apporté à l'écriture des discussions, l'humanité et la lucidité qui ressortent de chaque moment.
Mais tout ceci ne serait finalement pas grand chose s'il n'y avait le talent immense du réalisateur, qui fournit un travail sur l'image plein de grâce, de tension, de malheur et de joie, et de ses acteurs, rivalisant de justesse.
Ma première note parfaite pour un film français, et je pense sincèrement qu'il le mérite.