L'adresse mythique du quai des Orfèvres ne pouvait qu'aller comme un gant à ce classique du film policier tant celui-ci lui rend hommage à merveille. En grand fan de Maigret de Simenon, il m'était en effet indispensable de retrouver l' atmosphère particulière de ce lieu magique et la réussite est totale.
L'enquête est amenée avec un soin d'orfèvre (et oui !) et le film sait admirablement jongler entre ses personnages envoutants de charisme et louvoyer aux frontières du sordide sans jamais l'effleurer, au contraire, l'histoire restant toujours digne et sobre.
L'interprétation est superbe et rappelle que les bons acteurs français ont existé et à quel point ceux-ci nous manquent. Louis Jouvet, pour lequel j'ai une tendresse particulière, est magnétique en flic droit et la façon admirable dont il narre ses échecs au concours de commissaire rappelle qu'il est à l'interface entre la boue qu'il ramasse et les grands flics qui vont à la messe la veille de Noël. Bernard Blier est attendrissant en loser magnifique aux yeux pareils à ceux des cockers. Simone Renant et Suzy Delair sont belles comme des pierres précieuses.
Les dialogues magistraux sont une des plus grandes réussites du film et cinglent comme des coups de fouet au point qu'on pourrait apprendre par cœur chaque ligne de texte et s'en resservir à foison dans les conversations, histoire de donner un peu d'emphase à notre verbe. Idéal avant les retrouvailles en famille de la fin d'année. Et comme ce chef d'œuvre se déroule à la meilleure période qui soit pour affiner encore un peu plus le travail sur son atmosphère, je ne saurais trop vous conseiller de le voir lors des dix derniers jours de cette année 2011.