Dans la pure tradition des films dits d’aventures des années 1950. Plutôt qu’un véritable film d’aventures, il s’agit plutôt d’un film de dépaysement. Il ne faut, en effet, pas s’attendre à un enchaînement de péripéties mais à une histoire se déroulant au Brésil. Si certaines prises de vue en extérieurs remplissent parfaitement le cahier des charges, une grande partie du film, comme c’était l’usage à l’époque, est tournée de façon très visible en studio, ce qui peut gâcher le plaisir de certains. Enfin, à l’instar par exemple d’un Sur la Piste des éléphants ou La Mousson, l’intrigue est, avant tout, bâtie autour d’un canevas sentimental. Mariée à distance, Eleanor Parker vient ici faire la rencontre son mari (Charlton Heston) au cœur de son immense plantation. Toute la première partie repose sur cette rencontre qui n’est pas aussi douce qu’espérée.
Difficile ici d’éviter les grandes scènes de mièvrerie propres à ce type de récit mais les personnages sont suffisamment bien écrits pour que le propos ne soit pas totalement caricatural. Charlton Heston, qui n’est pas encore la star qu’il deviendra bientôt, impose déjà une présence qui crève l’écran. La deuxième partie du récit, quant à elle, nous trimballe dans la jungle puis nous ramène au domaine face aux fameuses marabuntas. Ce n’est pas forcément impressionnant (ce qui n'empêche pas l'invasion d'être visuellement fort réussie pour l'époque) mais le récit est bien conduit. A l’œuvre dans d’autres films d’aventures de ce type mais aussi dans le fameux Guerre des mondes tourné l’année précédente, Byron Haskin sait parfaitement amener les choses et rendre l’ensemble vraiment palpitant.
Ce n’est pas un grand film, certains le jugeront vieillots, mais le résultat vaut quand même plus que ce qu’on peut en lire. C’est un film des années 50 et s’attendre à 1h30 d’invasion de fourmis voraces souligne quand même le peu de connaissances cinématographiques de certains (qui y voient même le navet de Charlton Heston, un comble !). Certaines séquences, pour l’époque, sont bien imaginées et l’histoire est solide. La morale est un peu épaisse mais c’est également la signature des productions de cette époque. Un bon moment même si, à mon goût, la romance est trop envahissante.