Quand la marabunta gronde par Gaby Aisthé
Nous avons eut les arraignés, les serpents, les extraterrestres , les zombis etc., mais au commencement fut la Marabunta. Évidemment, avec notre regard de spectateur du début du XXIème siècle, nous nous attendions à une horrible créature tout droit sortie de la forêt vierge, monstrueuse, dévastatrice, effrayante ! Et nous avons une colonie de fourmis... Bon, d'accord, elles sont organisées et les fourmis peuvent être redoutables, mais je dois admettre que je m'attendais à quelque chose de plus extraordinaire au vu de la présentation de la menace...
Ceci dit, l'invasion des fourmis (même pas mutantes, justes rouges et voraces) n'est pas vraiment le coeur de ce film. Et on pourrait pousser un grand ouf de soulagement à cette idée ! Mais non.
Le film nous plante un charmant décor colonialiste franchement agaçant. D'accord, le film date des années 50 et la société à évolué depuis. Mais un peu de subtilité que diable ! Nous les hommes blancs apportons civilisation. Vous sauvage, nous sauveurs. Nous protéger vous. Pas bien de maltraiter vous mais vous obliger à risquer votre vie pour nous bien.
Grosso modo, c'est ce qu'explique le film du début à la fin. Alors d'accord, je veux bien concéder au film le fait que le colonialisme à l'époque devait être présenté comme une bonne chose (enfin devait... Tout est relatif). Mais il eut suffit de montrer que les travailleurs étaient heureux et épanouis, travaillant dur pour un patron prêt à tout pour sauver ses miches et les leurs. En ce sens, la scène de pendaison des deux travailleurs aurait été bien pensée. Mais les bla-blas plein de condescendance de tous ruinent tout.
Et en admettant que l'on accepte de mettre tout cela de côté comme je l'ai fais, il ne reste plus que l'histoire de fond, l'histoire d'amour. Un mariage par procuration. Cela pourrait être intéressant si cela n'était pas si triste. La belle et intelligente veuve tentant désespéremment de satisfaire l'Homme car c'est son devoir de femme. Qu'elle tente de se faire aimer et de l'aimer, je veux bien. D'autant que sa réaction en temps de crise la montre sous la forme d'une jeune femme courageuse et héroïque... Mais le reste du film se contente de la décrire comme un petit chien attendant son bout de sucre. D'accord, les temps ont changés et les femmes aussi, mais tout de même !
Ce film est donc un enchaînement de messages pro Homme blanc et ce dans tous les sens du terme... Si encore les décors, les costumes ou la musique pouvaient nous en jeter plein les mirettes ou les oreilles, cela pourrait encore passer mais non...
L'angoisse de la menace annoncée mais non décrite est cependant sympathique, il faut l'admettre, et l'idée de base (les mariages par procurations, la manière dont les gens gèrent cette situation etc.) n'était pas mauvaise. La beauté d'E. Parker peut également relever un peu le niveau et permet au film de gagner un point supplémentaire, mais c'est bien tout, et c'est aussi bien malheureux.