Mark my words, François. Sinister forces are at work.
Dès le générique, Blake Edwards donne le ton : ce film sera le plus cartoonesque de la saga, un hommage à toutes les possibilités délirantes du cinéma. La jolie panthère et Clouseau croisent la silhouette Alfred Hitchcock, se déguisent en King-Kong, Batman et Julie Andrews (l'épouse de Blake Edwards) dans La Mélodie du bonheur....
Le film restera dans ce ton : Dreyfus se transforme en méga-méchant avec des gadgets à la Fantomas, une base secrète où il joue de l'orgue drapé dans une cape à la Dracula ; son arme secrète, qui fait disparaître des pans entiers de l'existence, relève du cartoon, ainsi que la disparition/mort du grand vilain ; les costumes de Clouseau sont plus hilarants que jamais (la "performance" en Quasimodo est excellente) ; les scènes de meurtres ratés, clins d'oeil amplifiés au meilleur épisode de la saga à mes yeux (A shot in the dark), s'enchaînent avec une élégance légère ; les scènes de combat avec Kato tirent de plus en plus vers l'absurde ; les jeux sur l'accent de Clouseau (do you have a ruuum ?) et les répliques délirantes ("I have a problem : there is a beautiful woman in my bed and a dead man in my bath") forment des boucles d'abstraction langagière savoureuses ("I thought you said your dog didn't bite ! - that's not my dog"); les gags, poussés jusqu'à leur limite (les ralentis avec cris se transformant en mugissements ridicules, le pont-levis...), montrent combien la saga jouer de ses propres codes : on assiste ainsi à une nouvelle scène à la Hercule Poirot, qui vire au drame par la magie d'une masse d'arme chauffée à blanc et d'un Steinway défoncé...
Et puis il y a cette scène de strip-tease improbable ponctuée d'un de ces "darling" qui a les vertus de me faire complètement fondre, et qui conclue le film sur la vision craquante d'absurdité d'un Clouseau-Rambo prêt à séduire une agente du KGB sortie d'un James Bond, avant que tous deux ne finissent dans la Seine... où une panthère rose fait mine de les croquer en mimant l'affiche du Jaws de Spielberg : la boucle cinématographique est bouclée, sur un ultime clin d'oeil.