Quand la ville dort, la vie danse avec la mort. Je ne critiquerai pas le titre français. Le type a fait ce qu'il a pu. Le métier de titriste est mal payé. Et pas joyeux non plus. Quand au reste du contenu, le scénario est une adaptation d'un roman de William R. Burnett. Un gars qui en avait. Il a aussi écrit le scénario de la Grande Evasion, entre autres.
Asphalt Jungle qui est à l'origine de tous les films de casse se démarque de sa catégorie par l'attention portée aux protagonistes et par la justesse des relations qu'ils entretiennent entre eux.
« Les metteurs en scène, déclarait Huston, font toujours une énorme erreur. Ils donnent une importance primordiale au hold-up, au crime, et oublient les personnages. Dans mon film, le hold-up était secondaire. Ses motivations étaient beaucoup plus importantes. »
John Huston veut nous montrer les nuances qui différencient les gens biens des salauds, au sein de l'équipe de truands qui participe au casse d'une bijouterie. Ce sont donc les motivations qui font toute la différence, ainsi que la conception individuelle de l'honneur ou la fidélité à la parole donnée. Le chef du gang, le « docteur » qui sort de prison (Sam Jaffé) organise le casse parce qu'il rêve de prendre sa retraite au soleil. Il refuse de porter une arme et donne une partie de son argent à des jeunes pour pouvoir regarder une fille danser, ce qui lui sera fatal. Dix Handley (Sterling Hayden, ancien partisan en Yougoslavie), ne participe que parce qu'il rêve de reprendre l'ancienne ferme de sa famille et s'occuper des chevaux, ça lui sera fatal également mais au moins sera-t-il allé au bout de son rêve. Il jette l'argent de sa dette au bookmaker et, sous son apparence de dur à cuire accueille chez lui Dolly (Jean Hagen), une jeune fille sans le sou. Mais une chic fille. Cobby, le bookmaker (Marc Lawrence) se situe entre entre les mecs bien et les salauds, victime de son amitié avec Emmerich et des circonstances. Du côté des salauds, Emmerich (Louis Calhern) est un avocat à l'allure distinguée mais ruiné. Il participe au casse uniquement pour maintenir son train de vie luxueux et entretenir sa magnifique jeune maîtresse qui l'appelle tonton (Marilyn Monroe). Et en dépit de l'amour que lui porte sa femme (Dorothy Tree). Il n'aura aucun scrupule à trahir ses complices pour empocher tout le butin, et dénoncera ensuite toute la bande.
On peut s'étonner que les acteurs de ce casting cinq étoiles, à la présence inoubliable, notamment Sterling Hayden et Sam Jaffé n'aient pas eu la célébrité qu'ils méritaient, bien que Sterling Hayden ait fait l'Ultime Razzia de Kubrick. C'est qu'ils figuraient sur la liste noire des victime du maccarthysme, tout comme Dorothy Tree ou Marc Lawrence. Huston a probablement voulu leur redonner une chance. Mais l'ambiance de délation et de trahison imprègne le film. Même dans les films les plus noirs, la réalité est parfois pire que la fiction. Parfois meilleure aussi.
S'il n'y avait pas la police, bonne ou mauvaise. S'il n'y avait que le silence. Personne pour écouter, ni répondre, la bataille est finie. C'est la jungle qui gagne, le règne de la force brutale.