Dans la pure tradition du Film Noir, John Huston façonne The Asphalt Jungle par touches, en prenant garde de n’oublier jamais l’ombre où naissent et grossissent les peurs. Bien aidé, il est vrai, par une photographie sublime, un noir et blanc minéral de Harold G. Rosson qui suinte un cynisme certain, à la lisière du naturalisme et de l’expressionnisme.
Pourtant, Huston est un conteur hors pair qui, par le truchement d’un éventail de gangsters, figures dévoyées d’une Amérique violente et paradoxal, bateaux ivres d’un genre humain voué à s’abîmer, convoque le revers ténébreux de l’American dream.
Les bons n’existent pas, c’est une légende. L’Homme est condamné par ses failles et pourtant il avance jusqu’au seul trou qu’il n’aura eut de cesse de se voir creuser.
Le coup est millimétré, la méthode mûrement réfléchie par des années passées à l’ombre, manque plus que l’équipage et puis le destin aussi, que ce traître te fasse valser.
On est à deux doigts d’embrasser à pleine bouche nos chimères, celles qui font tourner nos têtes, nous saoulent des rêves inaccessibles, tu n’es qu’un pantin désarticulé qui lui roule un patin indécent, plein de salive et recueille le cadeau empoisonné, l’amertume sur le bout de la langue.
Car mon ami tu le sais, la mort te guette sur l’asphalte, la machine infernale se met en branle silencieusement alors qu’à l’horizon tu crois voir se dessiner la promesse d’une vie meilleure, elle t’attend patiemment dans les méandres pour te prendre dans ses filets.
Elle joue avec toi, te concasse, te désabuse, cette danse, appelle la fatalité.
Elle te prend dans ses bras pour te faire valdinguer, l’alcôve funéraire prend son pied à te voir divaguer et te sèche alors que tu pensais enfin sortir la tête de cette mélasse pour prendre cette goulée d’air salvatrice, ce répit que tu appelles la vie et qui, se révélera fatale.
J’aime ce film et sa mélodie qui, quand je ferme les yeux, arrive encore à me tourmenter.
J’aimerais tant que tu l’aimes aussi.