"One way or another, we all work for our vice."

Avec Quand la ville dort, John Huston explore une autre face du film noir, la version caper movie qui tourne mal en se plaçant du point de vue des malfrats cambrioleurs, quelques années après Le Faucon maltais consacré à une enquête policière de l'autre côté de la légalité. Ce dernier avait quelque chose d'archétypal et d'un peu rigide que The Asphalt Jungle n'a pas (et c'est particulièrement bienvenu), et le titre original donne d'ailleurs un aperçu complémentaire sur le programme, à savoir la dure loi de la ville — on ne quittera pas cette ambiance urbaine et nocturne avant le final empreint de tragique qui offrira le seul plan large, à la campagne et de jour, offrant un contraste dont l'effet est notable : "Well, he won't get very far, that's for sure. He hasn't got enough blood left in him to keep a chicken alive."


Le point de vue du côté des gangsters est intéressant, surtout pour l'époque et les censeurs de Hays qui veillaient, même s'il est de temps en temps contrebalancé par une vision très dure et très angélique de la police et de ses actions. Il n'y a pas vraiment d'enjeux lors de la mise en place du plan et des détails du braquage, le processus de recrutement des différentes parties est très direct avec le spécialiste des coffres, le chauffeur, la brute épaisse et le financier. Tout se passe comme prévu (c'est-à-dire quelques accrocs, mais ils parviennent à mettre la main sur le pactole attendu), et on pourrait dire qu'en quelque sorte le film commence à partir du moment où ils rentrent en sécurité et que les rouages se grippent. Les embrouilles arrivent bien vite, et les motivations particulières de certains se font jour.


On est résolument dans le pré carré du noir sobre et sec, très peu de fioriture, et une ambiance étouffante par moments : les forces et les faiblesses du genre, selon les sensibilités, réunies dans les mêmes caractéristiques. La présence de Marilyn Monroe se remarque pas mal quand bien même on ne l'aurait pas reconnu tout de suite (si si). La corruption est partout, les interactions sont poisseuses (les répliques du type "one way or another, we all work for our vice" garnissent allègrement les dialogues) et le désespoir ne tarde pas à envahir l'espace. Et on peut saluer la part belle faite à la caractérisation des personnages qui ont presque tous un espace équivalent et conséquent pour exister.


https://www.je-mattarde.com/index.php?post/Quand-la-ville-dort-de-John-Huston-1950

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le 4 juil. 2023

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Morrinson

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