Quand la ville dort par Adrast
Après s'être jeté sur le papy en conservant l'eau du bain, un traître mot m'est vite venu à l'esprit. Ni une ni deux, je me disais que Quand la ville dort, The Asphalt Jungle pour son titre ridicule/original/français n'est pas aussi classe en termes de mise en scène que La nuit du chasseur, et pas aussi scénaristiquement fameux que Citizen Kane.
Et pourquoi alors ? Parce que la trame est tournée en priorité vers la psychologie des personnages et en second plan vers la satire sociale. En d'autres termes, l'objet du film se résume en un quart de seconde, prend son temps pour creuser quasi au jour le jour le parcours intérieur comme extérieur de chaque personnage hérité en « types » clairement discernables les uns des autres.
Et puis en vrai chieur, j'ai envie d'arguer que le film pose certains problèmes de réalisme, même dans sa scène principale, qui n'est autre que l'aboutissement de la quête des personnages. La scène du casse, plus précisément, et ce n'est pas la seule, pose un petit soucis quand le fameux « oeil » de rayons laser doit être contourné en rasant le sol cul et chemises à terre pour ne pas se faire griller.
Et pour palper à nouveau du réalisme de perlimpinpin, on peut aller voir du côté de l'interprétation, qui se la joue comme on peut s'y attendre dans une vaine plutôt théâtrale. La vieille école (américaine), dira-t-on, que je préfère toujours à la française, pour son sens de la « force tranquille » emphatique sans être pompière.
Après tout, le problème n'est pas l'évidente qualité cinématographique de ce que l'on a sous les yeux, mais sa pertinence aujourd'hui, alors que bon nombre de films « simulateurs de crime » sont passés et repassés par là, en ouvrant et élargissant toujours un peu plus le sujet, au lieu de se limiter au simple casse, de l'idée couvée jusqu'à l'exécution dans l'œuf.
Et pour le meilleur, parce qu'on maintient quand même le contrat de mariage, on retiendra l'art de soigner les plans fixes, de rendre l'image sombre mais pas trop, en soignant tout autant les contrastes dans cette jungle urbaine de pourris. Certains plans tamisés, en extérieur ou en intérieur, n'ont strictement rien à envier à certains films d'aujourd'hui conçus pour être contemplatifs.
Si je dois être totalement honnête, j'admets vite que ce n'est pas du Hitchcock, mais est-ce vraiment utile de faire la comparaison ? Non. C'est même plutôt con... Mais ça me traversait l'esprit, alors... En moi-même, je me dis que c'est bien dommage que je m'enthousiasme de la présence à l'écran de Marilyn Monroe, alors qu'en toute franchise elle s'avère être la pire d'entre tous. En matière de physionomie féminine ou cinématographique, la puissance du châssis évince tout, que voulez-vous...