Avant de commencer, il convient de faire un petit point sur le contexte de la réalisation de Quand passent les cigognes. Réalisé en 1958, lors de la déstalinisation qui suit la mort du petit père des peuples en 1953, le régime soviétique assouplit sa politique dans tous les domaines et notamment dans la censure ce qui permet à Mikhail Kalatozov d’exposer librement à l’écran une histoire ne faisant pas forcément l’éloge du parti.

Ainsi, le réalisateur nous plonge dans une histoire d’amour qui va être rudement mise à l’épreuve par la déclaration de guerre. Au départ, tout semble aller, les jeunes gens ne connaissent rien de la guerre, ils ne vont pas s’inquiéter sous prétexte qu’ils ont entendu que leur pays était engagé. Et puis de toute façon, l’amour rend le monde si beau, ils ne seront pas mobilisés, c’est évident.

Sauf que voilà, la réalité les rattrape bien vite et le mari part à la guerre. C’est ici que le film commence réellement. On ne compte plus les mouvements de caméra d’une qualité technique irréfutable mettant en exergue des décors parfois marquant comme une ville croulant sous les bombardements, les scènes témoignant une harmonie visuelle et musicale poignante et les jeux de lumières éblouissants.

Quand passent les cigognes traite d’une cause universelle : les sévices de la guerre. Et plus particulièrement l’amour brisé par la guerre, les blessures physiques étant traitées en second plan. En effet, qu’il s’agisse des poilus qui partent vers une guerre qui semble gagnée d’avance, des combattants chinois tentant de repousser l’avancée terrifiante des forces japonaises vers Nankin ou encore des GI américains partant pour les montagnes afghanes, la séparation est aussi dure quelle que soit la nationalité, le temps ou la distance.

Le tout est interprété par une bonne troupe d’acteurs dont Tatiana Samoilova se détache clairement jouant avec un grand talent l’éventail d’émotion allant de la joie à la honte. Enfin, la dernière scène est pour moi l’une des plus marquantes de tout ce que j’ai pu voir en terme de cinéma jusqu’à ce jour.

« Nous garderons toujours une haine féroce de toutes les guerres ! »

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le 22 juin 2013

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Deleuze

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