Une belle et tragique histoire d'amour, symbole du dégel soviétique
Moscou 1941, Véronika et Boris courent innocemment autour d’un pont, ils s’aiment, s’embrassent, regardent des cigognes qui volent avec grâce avant d’être interrompu en se faisant éclaboussé et reprendre leur joie… mais de courte durée, un peu plus tard il sera appelé pour faire la guerre et elle se retrouvera affecté par cette absence…
Palme d’or au festival de Cannes 1958 (« pour son humanisme, pour son unité et sa haute qualité artistique »), « Quand passent les cigognes » de Mikhaïl Kalatozov nous fait vivre la guerre d’un point de vue humain, celui de Véronika qui devra faire face au vide laissé par celui qu’elle aime lorsqu’il partira puis sera considéré comme mort puis la fourberie et la violence du cousin de celui-ci. Elle ne perdra jamais espoir malgré son enfermement progressif sur elle-même et une solitude qui l’envahira.
Doté d’une justesse d’écriture et d’un déroulement qui captive, il nous livre un récit simple mais qui sait se faire émouvant. Techniquement il fait preuve d’une certaine virtuosité que ce soit au niveau de ses plans, ses mouvements de caméra ou des jeux d’ombres et de lumières. La photographie en noir et blanc est superbe et bien utilisée. Certaines scènes en deviennent marquantes, comme le début de film ou certaines où le visage de Tatiana Samoilova est mis en avant. Cette dernière est remarquable dans le rôle principal, faisant preuve d’une justesse incroyable et qui se voit sublimée par la caméra de Kalatozov.
Symbole du début du « dégel » derrière le rideau de fer, c’est une belle et tragique histoire d’amour qu’il nous livre, servie par une grande actrice et une caméra virtuose.