Deux escrocs minables rencontrent un aigrefin de haut vol qui les recrute pour l'assister dans une arnaque géante.Mais tout voleur trouve un jour plus malin que lui.Produit par Alain Poiré pour la Gaumont,ce film est une des nombreuses comédies qu'usinait la firme à la marguerite dans les années 60,avec plus ou moins les mêmes auteurs et les mêmes acteurs d'une oeuvre à l'autre.Ce n'était pas forcément réussi mais celui-ci vaut le détour.Drôle,léger,ce divertissement est aujourd'hui encore très savoureux.De plus,au-delà de l'ironie dans laquelle trempe le premier degré de lecture,on peut déceler en arrière-plan une vision noire et cynique de l'addiction de l'être humain à l'argent,et de tout ce dont il est capable pour tenter de s'en procurer.La malhonnêteté foncière de tous les personnages confère à l'ensemble une facture tragi-comique proche de la comédie italienne.Du reste,le début du film n'est pas sans rappeler le génial "Il bidone" de Fellini.La réalisation d'Edouard Molinaro,nonobstant quelques effets cheap un peu datés,est très enlevée et donne un rythme soutenu qui ne laisse guère de place aux temps morts.La musique de Michel Legrand,en revanche,souligne assez lourdement l'ambiance rigolarde déjà bien présente.Mais ce qui élève le film au-dessus de la moyenne du genre,c'est les dialogues fantastiques de Michel Audiard,dont l'humour corrosif et la fine qualité d'écriture sont constamment délicieux.D'autant qu'il semble avoir fait du sur-mesure à l'intention de la fabuleuse troupe de comédiens ici réunie.De fait,chacun des interprètes est puissamment servi dans son registre favori,à commencer par Bernard Blier et Jean Lefebvre,les frères Volfoni des "Tontons flingueurs",qui font merveille,le premier dans la gouaille popu,le second dans l'hypocrisie chafouine.Paul Meurisse,tout en distinction et langage châtié,exécute un extraordinaire numéro d'entourloupeur de grand style à l'étourdissante mauvaise foi,et Michel Serrault incarne la bêtise personnifiée avec une énergie démentielle.Autour d'eux s'agitent quelques-uns des meilleurs acteurs de complément de l'époque,les Daniel Ceccaldi,Robert Dalban,Jacques Dynam,Paul Préboist ou Philippe Castelli.Le casting féminin est par contre moins heureux.En dehors de la divine Claire Maurier,comme de coutume magnifique,c'est un peu le désert.La plantureuse Véronique Vendell a des atouts anatomiques à faire valoir,mais son jeu est bien faible.Et il y a surtout Yvonne Clech,comédienne terne et maniérée,au physique médiocre,dont on ne comprend absolument pas comment elle peut séduire le flamboyant Larsan-Bellac.Le titre du film parodie celui de "Quand passent les cigognes",le chef-d'oeuvre de Kalatozov sorti huit ans auparavant.