Premier film de Jesse Eisenberg derrière la caméra, honnête bien que maladroit. Eisenberg veut critiquer la société moderne, et surtout celle des jeunes accrocs aux réseaux sociaux, aux vidéos d'influenceurs et incapables d'aligner deux mots dans la vraie vie : pour le postulat, on valide amplement, malgré les gros sabots qu'utilise le réalisateur pour faire passer son message (tout est concentré dans l'ouverture, on la rasade de critiques cyniques à peine le pas du générique de départ franchi). Sans pour autant être noyé par le sarcasme grinçant d'Eisenberg (on est d'accord avec lui), on pense qu'un peu plus de répartition sur l'ensemble du film aurait permis de le rendre plus équilibré, moins "tâtonnant" sur la fin pour savoir comment faire évoluer le personnage de l'ado, et aurait peut-être même évité les bons sentiments qui alourdissent les dernières scènes. Cependant, le duo Julianne Moore et Finn Wolfhard (oui, "Stranger Things !") fonctionne à merveilles, nous rendant à l'écran une image très réaliste de la maman qui tente de comprendre son fils ultra-connecté sans le mode d'emploi, et du fiston qui se laisse dépasser par son image virtuelle et n'arrive pas à en créer une "réelle" pour sortir avec la fille qui lui plaît... Vraiment, l'intrigue de ce When You Finish Saving the World est touchante, amusante, bien interprétée, elle manque simplement d'un peu de finesse. On parie aussi qu'on va se repayer cette affreuse musique (techno ?) lors des prochains tapis de festivals (on vous en fiche notre billet), le genre de composition qui cherche l'audace musicale mais nous donne plutôt envie de dégainer les bouchons Quies. Eisenberg signe là un premier qui n'a pas à rougir, et promet le meilleur pour la suite. On a déjà hâte.