Jesse Eisenberg fait preuve de modestie dans son premier long-métrage, When you finish saving the world" mais cela ne l'exonère pas de grosses lacunes dans son scénario, entièrement dédié à deux personnages principaux. L'un et l'autre manquent de profondeur : la mère se veut altruiste dans un foyer pour femmes battues mais elle est en réalité froide et rigide ; le fils s'éclate en jouant sa musique en live-streaming mais se révèle incapable de communiquer avec ses semblables. Deux caractères qu'il est difficile d'aimer, de par leur hypocrisie (narcissisme) et leur incompréhension mutuelle et que l'abondance de dialogues, volontairement maladroits, ne fait que souligner sans cesse. Trop limité par son traitement clairement identifiable à un cinéma américain indépendant qui a du mal à se renouveler, le film tente l'ironie teintée de causticité mais sans l'assumer totalement. De temps en temps, au moment des disputes familiales, notamment, un regain de dynamisme semble se faire jour mais le film retombe assez vite dans ses travers, jusqu'à un dénouement forcé qui contredit largement tout ce qui a été montré sur l'écran auparavant. Dans ce contexte, Julianne Moore et Finn Wolfhard sont loin de démériter mais ne peuvent apporter davantage à une œuvre anodine, difficile à qualifier de drame ou de comédie, dans un entre-deux auquel le qualificatif de "moyen" (pas médiocre, quand même) peut aller comme un gant. Bon, c'est un premier essai, et s'il n'y a pas lieu de s'enthousiasmer, il n'est pas nécessaire de s'acharner dessus, non plus. La bonne nouvelle, c'est que Jesse Eisenberg ne peut que faire mieux, au cas où il aurait l'intention de persévérer.