Unique commande de la carrière de Jean-Pierre Melville, son troisième long-métrage Quand tu liras cette lettre nous emmène sur la Côte d'Azur suivre le destin de deux soeurs alors que leurs parents viennent de décéder.
Décidément cette plongée dans les débuts de Melville me réserve quelques mauvaises surprises et, après un mauvais Les Enfants Terribles, il se montre à nouveau très maladroit et guère inspiré avec Quand tu liras cette lettre. Il oscille entre mélodrame et film noir pour un résultat qui se rapproche plus du grotesque qu'autres choses, avec des péripéties à cette image (et attendues), qui sont en plus mal interprétées et mises en scène. Il ne fait jamais ressortir l'émotion et la potentielle richesse des enjeux et personnages, tandis qu'aucune atmosphère ne domine le récit, c'est souvent plat, voire même ennuyant.
Pourtant il y avait bien un minimum de potentiel, notamment autour du trio principal où jalousie, chantage, manipulation, religion, amour ou encore violence sont mis en avant. Malheureusement les personnages ne sont jamais vraiment bien exploités, à l'image de celui de Max dont Melville ne retranscrit pas vraiment l'ambiguïté et la violence. C'est dommage car on ressent déjà quelques thématiques que Melville reprendra avec brio dans la suite de sa carrière. Finalement il est bien difficile de s'immerger au coeur de cette histoire tant elle sonne faux malgré le souci du détail et de réalisme par Melville.
Bref, Melville lui-même n'aimait pas ce film et ce n'est pas difficile à comprendre tant il ne se montre guère inspiré, ne faisant ressortir aucune émotion, ni atmosphère des enjeux et protagonistes, dommage.