Dans Brooklyn, autour d’un troquet qui sert régulièrement de dépôt et blanchiment d’argent, le film nous embarque dans la valse d’un impitoyable caïd de la pègre tchétchène qui a récemment pris le contrôle du tripot, l’ancien propriétaire revanchard réduit à un simple salarié dans son propre établissement, son cousin qui lui sert de barman docile et d’homme à tout faire taciturne et désabusé dans ce monde sans espoir, le bébé pitbull que celui-ci trouve dans la poubelle d’une jeune femme, tous deux lui évoquant comme une inspiration ensoleillée, la nana au passé lourd et malsain qu’elle voit resurgir soudain, un infect psychopathe maitre chanteur qui s’en prend tant au chien, à la fille qu’au barman, un flic fervent catho à qui on ne la fait pas et qui garde silencieusement sa lucidité sur la situation.
En prétextant une vieille histoire de cadavre commune, tout ce beau monde ne fait que présenter la face visible d’un effroyable manège cachant jeux et enjeux, complicités et objectifs. Cette froide partie d’échecs, portée par d’éblouissants Tom Hardy et Noomi Rapace, menace d’exploser en un clin d’œil et promet la victoire moins aux meilleurs qu’aux plus compétents.
Ce film noir et pesant, aux aventures et interdépendances, aux quêtes respectives et à la sauvagerie humaine, est une adaptation pas si mal réussie du roman de Dennis Lahanne (Gone baby gone, Mystic river, Shutter Island) et nous transporte encore une fois dans un de ses thrillers traditionnellement sombres et psychopathiques.