Il arrive ce moment dans le film où la performance de Tom Hardy est si parfaite qu’elle en devient inquiétante. Peut-on aussi bien jouer le gars simple sans l’être un peu soi-même ?
Et puis nous reviennent en mémoire ses performances dans Locke, des hommes sans loi, Bronson, La Taupe ou même Batman et on se dit que non, cela n’a rien de naturel.
Le type a du talent. A revendre.


Enquête d’auteur en quête d’hauteur


Ne le cachons pas, plus que l’écriture des personnages, le scénario ou la photo –classiques mais de très bonne facture- c’est l’interprétation qui emporte le morceau ici. Hardy, donc, stupéfiant, est parfaitement épaulé par la dernière apparition de notre immense Gandolfini, et ne pâtit pas de la performance de Noomi Rapace, pour une fois convaincante (voir la scène finale, dans le bar, où elle joue la stupeur avec maestria).


"The drop" se passe entre poteaux


Michael R. Roskam, comme tant d’autre, a perdu un peu de sa personnalité (éclatante dans Bullhead) en traversant l’Atlantique, mais a su adapter avec rigueur et talent le scénario de Dennis Lehane, à travers une histoire qui mêle habilement des éléments familiers (une vie de quartier, ses bars, sa pègre, la famille et les amis) et une trame qui ne dit pas clairement jusqu’au bout vers quoi elle tend, même si l’on nourrit de légitimes doutes quant au dénouement de tout cet imbroglio fait de tensions sourdes et rentrées.


Au fond, on rage un peu que le film ne propose pas un tantinet d’originalité en plus, un petit supplément d’âme qui nous aurait permis de l’adorer sans réserve. Quelque chose qui nous aurait poussés à nous prosterner et allumer un cierge devant le génie de Tom Hardy.
On se contentera d’une Brooklyn bougie.

guyness

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