Avec Quand vient l’automne, François Ozon délaisse l’ironie mordante qui a souvent marqué son cinéma pour signer un drame intime et mélancolique. Porté par l’interprétation magistrale d’Hélène Vincent et de Josiane Balasko, le film s’inscrit dans une veine sobre, presque crépusculaire, où le poids des souvenirs et des regrets pèse sur chaque plan.
Un thriller intime sous les couleurs de l’automne
Ozon s’attaque ici au temps qui passe et aux silences de l’existence, en suivant Michelle (Hélène Vincent), une femme âgée vivant paisiblement dans un village bourguignon. Son quotidien bien réglé est bouleversé par l’irruption d’un élément perturbateur, réveillant des blessures enfouies. Là où d’autres cinéastes auraient opté pour un pur drame psychologique, Ozon instille une tension diffuse, jouant sur les non-dits et l’ambiguïté des relations.
Si la mise en scène est d’une élégance indéniable, on peut toutefois reprocher au film une certaine froideur. Ozon, en choisissant une approche minimaliste, sacrifie parfois l’émotion brute au profit d’une rigueur presque clinique. Pourtant, la prestation d’Hélène Vincent transcende ce parti pris : son regard hanté et ses gestes mesurés disent bien plus que les dialogues parfois trop écrits. Face à elle, Josiane Balasko impose une présence plus terrienne, offrant une dynamique intéressante entre ces deux figures féminines.
Une réalisation épurée mais parfois distanciée
Le travail sur l’image est d’une grande subtilité. La photographie automnale, signée Manuel Dacosse, baigne le film dans une lumière tamisée, où les tons ocres et dorés contrastent avec la solitude pesante de l’héroïne. La caméra d’Ozon capte avec délicatesse les moindres frémissements, mais cette retenue peut parfois frustrer : on aimerait que le film ose davantage dans ses élans tragiques.
Si Quand vient l’automne impressionne par son atmosphère et la justesse de ses interprètes, il lui manque peut-être ce supplément de fièvre qui faisait la force d’un Sous le sable ou d’un Jeune et Jolie. Le film séduira les amateurs de drames contemplatifs mais pourrait laisser sur le bord du chemin ceux qui attendent une montée en puissance plus affirmée.