Permis de Tuer
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Quantum of Solace se présente comme la suite directe de Casino Royale, fruit d’une production précipitée reposant sur un scénario inabouti. Se contentant de ne suivre qu’une quête vengeresse désincarnée, Quantum of Solace épouse les contours d’un personnage en pilote automatique.
Quantum of Solace est un film à l’image de sa production compliquée. Recrutant un réalisateur issu du film indépendant en la personne de Marc Forster à défaut de ne pouvoir trouver d’autres réalisateurs prêts à livrer une commande en un délai extrêmement court, ce vingt-deuxième opus souffre de plus d’un scénario bancal qu’ont dû réécrire durant le tournage Marc Forster et Daniel Craig. Ne conservant que la personnalité froide et dénuée de sentiments vue dans Casino Royale, le film, à l’instar de son prédécesseur ne prend jamais le temps de creuser l’identité de James Bond et de ses nouveaux personnages, trop occupé à combler à un tempo infernal une quête vengeresse en pilote automatique.
Dessert aride
Quantum of Solace débute tambour battant, une seule petite heure après la conclusion de Casino Royale. Dans une poursuite sèche maladroitement filmée, le film donne déjà le ton d’une sécheresse totale, du scénario aux personnages jusqu’au cœur de son récit. Parce que si Marc Forster tente bien quelques parallèles foireux entre plusieurs scènes d’action, le metteur en scène n’arrive jamais à filmer l’action qu’avec une caméra brouillonne et instable, offrant parfois quelques poursuites illisibles et donc dénuées de tension. De James Bond à son antagoniste, il n’y aura donc rien que la sécheresse du désert qui servira de décor principal à ce Quantum of Solace, dont le récit épouse parfaitement son aridité.
Tentant maladroitement d’offrir un passif à la James-Bond girl d’Olga Kurylenko, le film délaisse ainsi complètement le personnage de Gemma Arterton dans une scène glissant un clin d’œil raté à Goldfinger. Parce que le film va définitivement trop vite, il en oublie de poser un décor et de véritables personnages. Si ses antagonistes incarnent l’une des organisations les plus puissantes mondialement, ils ne se trouvent qu’incarnés par un Mathieu Amalric aussi froid que James Bond, qui même après quelques gesticulations lors d’un duel final, ne pourra malgré le talent de l’acteur, donner beaucoup plus à son personnage.
Vengeance glacée
Parce que Quantum of Solace n’en a finalement que faire de son sujet écologique et de ses personnages tant il vise une efficacité tentant vainement de masquer un récit incomplet et de retrouver la superbe de Casino Royale. Parce que ce vingt-deuxième opus n’en a gardé que le côté sombre et torturé de James Bond, les producteurs ont décidé d’en tirer une aventure alors que l’intérêt de ce trait de caractère était dans sa volonté d’être approfondie dans le précédent opus. Cette quête vengeresse se fait au moins fidèle à la sécheresse totale de son objectif : laisser un maximum de cadavres et d’explosions, toutes aussi désincarnés les unes que les autres.
Si dans son ultime scène, le film prend enfin le temps de donner à James Bond et à M quelques prémices de la formidable relation initiée dans Casino Royale, le plaisir arrive cependant bien trop tard. Parce que Quantum of Solace s’est contenté de tirer à vue sans jamais n’avoir aucune perspective de son projet et des ses personnages, le film rate irrémédiablement sa cible. Et nous aussi.
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Créée
le 7 nov. 2020
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