Après un Casino royal délectable à plus d'un titre, Quantum of Solace a de quoi surprendre et décevoir sur de nombreux points.
Premièrement, si Daniel Craig campe un James Bond redoutable, il campe aussi peut-être un personnage trop caricatural. L'agent secret n'est pas content, on l'a compris, mais le faire voguer en roue libre, se foutant royalement des directives et allant jusqu'à assassiner chaque homme de main sur son passage...
C'est simple, 007 perd ici pratiquement tout de l'agent secret, il n'est plus qu'une âme vengeresse et rageuse qui ne devra son succès qu'aux magistraux coups de bols qu'il aura sur sa route, suite à de belles intuition ou rencontres qui lui sont propices. A ce compte là il est vrai qu'il n'y a pas à s’embarrasser des hommes de mains à interroger... James Bond est donc implacable, oui, mais en devient même irritant et lassant tant le film ne nous en montre finalement pas grand chose d'autre. D'autant que cette quête de vengeance ne se tient qu'au regard du précédent film et a de la peine à tenir debout dans celui-ci. On citera le nom de la belle perdue, on en reparle deux ou trois fois mais c'est tout. James Bond est en colère, admettez le, point. Ça manque pour moi de finesse et surtout de liens avec le fameux casino royal, justement, pour que cela ne marche vraiment.
Le deuxième point est justement là. Les liens avec l'opus précédent existent mais ils sont flous, tout comme le reste de l'action. L'histoire se suit dans une linéarité trop parfaite mais sans que les transitions soient suffisamment posés pour les comprendre pleinement. On verra L'agent secret arriver aux bons endroits sans trop savoir comment, on le verra rencontrer les bonnes personnes de la même manière. L'histoire avance, c'est déjà ça.
Les ambitions même du personnage joué par Matieu Almaric me sont autant floues. J'ai peut-être mal suivi mais j'aurai vraiment du mal à faire un compte rendu sur ses intentions et sur le sens de ses actes. Tout comme j'aurais du mal à en expliquer facilement le lien avec la personne que Bond recherche vraiment - et qui sera finalement un grand absent de la majeure partie du long-métrage.
La réalisation semble avoir voulu, au contraire du précédent opus, faire la part belle aux scènes d'action plutôt qu'à l'intrigue. Lesdites scènes s'enchaînent donc assez rapidement et sans forcément prendre garde à ce que cela soit bien cohérent.
On en ressort presque avec l'impression que l'agent double ne peut mettre un pied quelque part sans manquer de se faire agresser ou qu'il ne peut s'empêcher de sauver une demoiselle qu'il ne connaît même pas malgré le risque de se faire voir, découvrir ou tuer, et ce sans même porter d’intérêt à ladite demoiselle que ce soit pour son enquête ou plus intimement.
On retrouve finalement un schéma très similaire aux films de l'ère Brosnan. Le plus décevant se trouvant d'ailleurs peut-être là : Casino Royal annonçait un virage dans la saga avec un personnage certes plus sombre mais qui officiait dans un monde également plus sombre et réaliste. Or l'intelligence de l'intrigue et sa dureté ne sont clairement pas au rendez-vous ici, comme si le réalisateur avait quant à lui loupé le coche, n'était pas au courant des ambitions de renouveau de la saga.
Du reste, les scènes d'actions ne sont pas si mal réussies et plutôt bien rythmées malgré un montage un peu épileptique et un usage abusif de l'infographie - non mais sérieusement, quand on utilise l'ordinateur pour nous montrer deux barques se rentrer dedans ça fait quand même sourire...
Quantum of Solace a donc de nombreuses failles - d'autant plus dommageables après un opus qui a su marquer les esprits - mais reste fort heureusement très divertissant.