Dès la première scène qui voit l'apparition fulgurante et tonitruante des 40 cavaliers avec à leur tête, une Barbara Stanwick dominante, le génie de Sam Fuller est évident. C'est un western qui se donne des allures de série B, mais qui surprend par son ton lyrique et limite shakespearien, et en même temps sa violence sèche, tout comme ses astuces de mise en scène, une véritable leçon qui subjugue notamment par son gigantesque travelling qui suit les personnages dans les rues de Tombstone sur plus de 200 mètres. Fuller impose des idées techniques stupéfiantes en ne perdant jamais de vue la psychologie des personnages, ainsi que la galerie de figures westerniennes qu'il dépeint.
Mené à un train d'enfer, d'où sa durée de 77 mn qui tend à le rattacher aux westerns de série B, ce western reste étonnant et n'en finit pas de surprendre, ne serait-ce que dans le fait d'y voir une femme qui y tient la vedette et qui commande une troupe de 40 vauriens. Il n'y avait que Barbara Stanwick qui pouvait jouer ce genre de personnage de femme d'aplomb à cette époque, c'était une de ses spécialités particulièrement dans les westerns, et même en fin de carrière à la télévision dans les années 70, elle sera une patronne de ranch à poigne dans la série la Grande vallée. Le reste du casting masculin ne comprend pas de vedettes, afin de valoriser Stanwick, bien entourée par de bons acteurs comme Barry Sullivan, Dean Jagger, John Ericson, Gene Barry ou Hank Worden... A noter enfin qu'au départ, Sam Fuller souhaitait appeler son film "la Femme au fouet", mais les distributeurs refusèrent ce titre, tout comme ils imposèrent un happy end ; ce qui prouve combien les directeurs de salles pouvaient peser sur Hollywood à cette époque.