À peine deux ans après Le train sifflera trois fois (1952), Silver Lode d'Allan Dwan offre une variation sur le film de Zinnemann, reprenant clairement la même trame avec une relecture des mêmes thèmes : mariage du shérif, irruption du quatuor vengeur, lâcheté des concitoyens, cette fois en couleur et d'une façon plus lourdement explicite et sentimentale que son modèle.
Si la réalisation de Zinnemann était nettement plus dramatisée grâce à des silences pesants, les plans sur l’horloge dont les aiguilles tournent inexorablement, les plans sur la voie ferrée d’où doit arriver l’homme vengeur ; cette version de Dwan, quant à elle, gagne en intensité dans la deuxième partie du film qui voit l’hostilité s’emparer de la petite ville et se retourner contre le shérif Ballard, jusque-là considéré comme un héros ! Versatilité de la foule, inconsistance de l’esprit humain qui s’empresse de juger avant d’avoir tous les éléments en main. Ballard abandonné de tous, ou presque tous, est traqué comme une bête, poussé à utiliser les armes pour défendre sa vie ; blessé, à bout de force, il ne sait plus où ni comment trouver de l’aide.
Comme son modèle, Silver Lode est une dénonciation du maccarthysme, il est d’ailleurs significatif que l’un des quatre hommes qui pourchassent et accusent Ballard, s’appelle Mac Carthy.
Silver Lode est un western psychologique sombre et intense dont le rythme ne se relâche pas jusqu’à la fin où résonnent avec force, à ce moment là, dans un silence pesant, des paroles pleines d’amertume.