Deux policiers enquêtent sur un tueur en série, violent et macabre, pris entre l'amour de sa mère et la haine des femmes. Par le biais du thriller classique, le metteur en scène espagnol Rodrigo Sorogoyen propose une réflexion sur la nature humaine et quelques-unes de ses préoccupations sur la société d'aujourd'hui qui viendront ponctuer l'intrigue par quelques scènes sous forme de constat plutôt que trame narrative. La subjectivité quant à nos décisions et à ce que nous pensons être, pour voler en éclats et nous révéler, sera le pendant entre les deux inspecteurs et le tueur en série qu'ils traqueront.
Un binôme pour un condensé de deux personnages plus ou moins en rupture, voire asociaux. L'un en mal de maîtrise de soi, qui rappelle aux violences policières, d'ailleurs une scène de manifestants aux prises avec les forces armées, renforce l'idée...L'autre solitaire, bègue, et introverti, investi dans son seul travail, mal à l'aise avec ses collègues. Antonio de la Torre et Roberto Álamo sont parfaits et nous suivrons leur relation balbutiante de caractères contraires, quelques scènes tendues pour les relations entre collègues de la criminelle, pointant également les dérapages de la justice et la manière de s'arranger encore une fois, avec les situations, pour se diriger en seconde partie sur la caractérisation du tueur. En même temps que l'enquête avance vers sa résolution, on suivra le mode opératoire.du tueur par quelques passages choc liés aux meurtres d'autant plus marquants qu'ils concernent des personnes qui ne peuvent lutter contre la sauvagerie.
Filmé de manière dynamique, caméra à l'épaule pour accentuer la tension, pas de grandes scène d'action qui renforce l'aspect réaliste, mais un montage rythmé et une accroche qui vaut par ses acteurs, l'ambiance sobre et pessimiste, servie par la musique puissante d'Olivier Arson.Le film se dirige lentement vers le drame, les choix et leurs conséquences, et ne laisse pas de place à l'optimisme. Une réussite pour ce genre renouvelé.
Prix du meilleur scénario au FESTIVAL DE SAN SEBASTIAN 2016.