Un homme "tristement" normal

Un des meilleurs Chabrol par son atmosphère, sa dramaturgie et ses acteurs.

Une histoire tragique au départ après un délit de fuite d'un chauffard dans un petit village de Bretagne après avoir heurté mortellement un enfant.

Et toute la force de Chabrol dans le film est là.

Un homme meurtri au plus profond de lui même qui jure de trouver l'assassin de son fils, car pour lui c'est un assassin.

Il ourdit, écrit, se construit à travers cette ultime quête pour lui, tuer le monstre .

De l'autre coté nous avons le chauffard, un homme que tout le monde déteste.

La scène où l'excellent Jean Yanne fait son entrée chez lui, et où toute l'assemblée, l'attend en le craignant, à l'exception de sa mère, est l'illustration parfaite de l'atmosphère sombre et austère du film.

Comme souvent chez Claude Chabrol, la famille, la bourgeoisie, les idées bien arrêtées de ce que l'on doit ou ne pas faire sont des thèmes privilégies.

Mais à l'arrivée, le film en lui même n'est qu'une sombre descente aux enfers de tous, car le père qui souffre au plus profond de lui même ne vit plus, la bête immonde est une ordure que tout le monde déteste et sa cour ne vit pas, elle survit.

Chabrol a réalisé beaucoup de bons films, celui ci pour moi est un de ses plus beaux et dramatiques fleurons, car malgré un rythme ultra lent, nous sommes pris dans ce maelstrom de désespoir.

On se pose aussi pas mal de question de ce que l'on ferait, et en plus Chabrol nous facilite la tache en nous livrant en pâture un Jean Yanne totalement exécrable, qui finalement peut mourir sans que personne sans soucis.

Oui mais justement, la subtilité d'avoir un monstre en face n'est pas si évident à gérer, et la réalisation avec beaucoup de plans sur les regards et les paysages apporte une force malsaine mais correcte dans ce film.

Enfin le face à face entre Michel Duchaussoy et Jean Yanne est terrible et grandiose.

Que la bête meure et que l'homme aussi !