"On s'fait des langues en Ford Mustang et bang !"
M'auto-programmer un cycle Chabrol m'a pris comme une envie de pisser en consultant ici-bas la filmo de l'homme à la bouffarde. Pour inaugurer la chose, j'ai classé ses films par "notation globale", procédé par lequel "Que La Bête Meure" déboule en tête de liste.
Exceptée sa bonhomie et sa gouaille, j'ignore quasiment tout de l'oeuvre de Chabrol. Deci-delà j'ai lu qu'il était complice de la Nouvelle Vague et que son taf était influencé par Hitchcock dont je n'connais pas grand-chose non plus mais bien plus de son rejeton De Palma.
Me v'là donc en '69, embarqué par tonton Claude sur les routes de Bretagne, à toute berzingue, à bord d'une Ford Mustang noire, l'une des plus belles bagnoles jamais créées ! On devine Jean Yanne au volant qui se prend au mieux pour Steve McQueen dans "Bullit" ou au pire pour ce connard qui pollue régulièrement ma quiétude campagnarde en faisant ronfler son cageot jaune Seat Ibiza, perforé de "hinss-hinss" et de megabasses dégueulasses ! Au détour d'un virage surgit trop vite une place de village que traverse un gamin d'une dizaine d'années. BIM !!! La Mustang étend salement le petit d'homme sur la chaussée pour l'éternité tandis que son cavalier s'enfuit au loin en vociférant "ferme ta gueule" à sa passagère...
Transpercé de douleur et de haine, le père du malheureux badaud se jure de retrouver et tuer son assassin. De fil en aiguille, il remonte la trace du "conductueur" jusqu'à une confrontation fascinante, sournoise et virile entre deux mecs diamétralement opposés.
D'un côté, Michel Duchaussoy (qui a donc été jeune naguère !) en veuf intellectuel et rigide et de l'autre, Jean Yanne qui campe un des plus beaux rôles de salopard du Cinéma : un riche garagiste provincial, gueulard aussi tyrannique que vulgaire et violent : le beauf le plus abjecte.
Hormis le duel du duo, la distribution regorge de personnages attachants et consistants : Caroline Cellier, Maurice Pialat, "l'ancienne" qui interprète la servante magnifiquement larmoyante de Duchaussoy, la famille de péquenots...
De bout en bout, Chabrol magnifie son film par de nombreux longs plans séquences et des cadrages sublimes (le bord de la falaise, la "balade" en mer...). "Que La Bête Meure" m'a tant captivé et émerveillé qu'il a aussitôt déboulé dans mon Top10 de films français se calant entre "Série Noire" et "Un Prophète".
Cette première bouffée de Chabrol m'a tellement enivré qu'il me tarde déjà de découvrir si "Le Boucher", "L'Enfer", "La Cérémonie", "Violette Nozière", "Les Fantômes Du Chapelier" et d'autres bénéficient de scénar, de persos, de dialogues et de mises en scène aussi pointus et admirables !
Mon humble cycle consacré à Chabrol : http://www.senscritique.com/liste/Tonton_Claude/395073