D'abord, il faut rappeler que dans les années 70, "Que la Bête Meure" était un vrai classique de la télévision (de l'ORTF !) qu'il m'avait donc été difficile de découvrir à l'époque sans avoir l'impression d'assister à un petit film un peu routinier et pas très intéressant (ce n'était sans doute pas le genre de cinéma auquel l'adolescent que j'étais était sensible...!)... En le revoyant, la première évidence est que Jean Yanne y est vraiment brillant dans ce qui est quand même son rôle favori (un garagiste sanguin et vulgaire qui terrorise sa famille...), synthétisant une France "seventies" petite-bourgeoise (celle de "la bouffe" et de la "bagnole"...). Ensuite, j'ai dû reconnaître le talent de Chabrol à brouiller le jeu, pour nous laisser indécis sur qui est vraiment le personnage positif de l'histoire ! Malheureusement, le choix d'une mécanique assez glacée - certes digne des maîtres de Chabrol, les Hitchcock et Lang - fige ce faux polar qu'est "La Bête Meure" dans une distanciation peu plaisante. A revoir, sans doute... [Ecrit en 1995]