A la mort de Louis XIV, c'est Philippe d'Orléans, son neveu, qui assure la Régence, Louis XV n'étant qu'un enfant. Personnage complexe, Philippe est un décadent débauché amateur de parties fines, mais c'est aussi un homme à bon fond, profondément attaché à certaines personnes, et doté de quelques valeurs morales.
Tavernier offre ce rôle nuancé à son acteur fétiche Philippe Noiret, qui apporte à la fois sensibilité et charisme à ce protagoniste touchant. La performance de l'acteur est d'autant plus importante que ce sont bien les comédiens qui sont ici au centre du récit. Pour l'anecdote, Noiret réincarnera Phillipe d'Orléans en 1997, dans "Le Bossu" !
En effet, le scénario tourne autour d'un complot breton de pacotille, fomenté par un noble pathétique (excellent Jean-Pierre Marielle) et monté en épingle par un ministre sournois (délectable Jean Rochefort). Mais les ellipses seront nombreuses, voire curieuses (ceux qui espèrent voir des orgies à l'écran seront déçus, on n'en voit que le début et la fin !). Ce sont donc les interactions savoureuses entre les personnages (dont les dialogues ne sont pas avares en bon mots !) qui donneront leur sens au film.
Tavernier adresse ainsi un regard acerbe envers cette époque, en profitant pour évoquer en trame de fond le système de Law et la bulle spéculatrice autour de la Compagnie du Mississippi. Ou les écarts entre la noblesse et la classe paysanne, qui feront échouer la révolte bretonne, et commenceront à distiller un parfum de révolution.
A noter que les regards avisés repèreront de succinctes apparitions de quelques jeunes acteurs du Splendid...