Je connaissais de Bob Fosse son Lenny avec Dustin Hoffman que j'avais adoré, mais je connaissais presque rien de son travail en tant que chorégraphe. Avec ce film à semi-autobiographique (et un peu prémonitoire quant à sa triste fin), j'en sais un petit peu plus. Et il renforce mon idée de Bob Fosse comme d'un metteur en scène incroyable et un excellent directeur d'acteur. Ce regard cynique sur sa propre condition et l'industrie qui l'entoure est d'une maîtrise totale doublée d'un excellent divertissement, puisqu'étant une bille autant en chant qu'en danse, j'ai toujours était fasciné par les films et les spectacles musicaux.

Fosse alterne kitsch et "avant-gardisme" avec aisance et orchestre le show d'une main de maître. Les traces autobiographiques sont fortement visibles d'autant plus que la réflexion sur sa propre condition est un élément majeur du film, et à l'instar de ce qu'il avait fait avec Lenny, il dresse un portrait complexe et approfondi de l'homme fictif qu'est Gideon, interprété magistralement par Roy Scheider. Le reste de la troupe n'est pas en reste, notamment les trop peu connues Leland Palmer et Ann Reinking qui interprètent respectivement son ex-femme et sa petite amie, et qui offrent chacune de beaux numéros ainsi que de très bons face-à-face avec Scheider. Notons aussi la présence de l'excellente et envoûtante Jessica Lange de le rôle de la Mort.

Au final, All That Jazz est le spectacle d'une vie tumultueuse, tourmentée, vécue à 100 à l'heure avec tous les accidents que cela provoque sur le reste du monde. On y trouve de nombreuses références des précédentes oeuvres de Bob Fosse (notamment Lenny et Cabaret), et il parvient à également à parfaitement capturer l'esprit des années 80 et j'en viendrai même à dire qu'il est pour les 70's-80's ce qu'était Hair de Milos Forman pour les 60's (avec moins de contemporanéité pour ce dernier). Le film est un show à l'américaine qui masque puis révèle l'hypocrisie du milieu, sa malhonnêteté mais aussi les failles de ses acteurs, à commencer par Gileon lui-même, que l'on peut voir comme l'avatar de Fosse. Une oeuvre pleine de sens donc, accompagnée de délicieux moments de divertissements.
LeJezza
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le 10 juil. 2013

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LeJezza

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