Queen of earth c'est le petit film qui fait bien mal. Ross Perry joue sur l'intimité, quelque part, le film explose et implose sur tous les plans, il enchaîne les fragments de temps et de déphasages quotidiens avec habilité. Décontenancé, on finit par avoir ce goût poisseux en bouche pour le reste du film. Atmosphère sublime - qui doit beaucoup à la superbe photographie et au format, ça fait du bien de voir une image "crade" (apparemment les spectateurs aujourd'hui supportent plus le grain) au cinéma, surtout quand elle est appuyée par une photographie aussi soignée.
Pourtant, quelque chose dérange dans la conception. Soit les quelques références sont trop lisibles, soit Ross Perry n'a plus d'originalité à revendre à certains passages, ou même dans l'imaginaire pictural de son film. En fait ça ressemble à un croisement entre Personna et Melancholia, avec les deux femmes qui pourraient autant êtres sœurs, qu'amies; voire même amantes au vu de l’ambiguïté de leur relation. Elisabeth Moss, sans être dans la redite, est une copie plus acerbe et moins lunatique de Justine dans le LVT, même coiffure, même allure, même flot de parole, même discours par moments. La dépression aurait put se trouver un autre écrin. Son ami (Katerine Waterson) a la même répartie que Charlotte Gainsbourg et se fringue comme Bibi Anderson.
Il en reste néanmoins l'ambiance assez terrifiante que Ross Perry a parfaitement su rendre, jusqu'à la scène centrale, psychotique, où Elisabeth hallucine lors d'une soirée et où les invitées finissent par devenir des montres de bruit et de fureur.