Voyages dans le désert
Film étrange de la part de Herzog. C'est-à-dire qu'on sent bien la volonté de faire un film dans la lignée des grands classiques, mais en même temps, le bougre conserve ses petites manies...
Par
le 27 avr. 2021
2 j'aime
À soixante-treize ans, Herzog n'en avait pas fini d'affronter les voyages. Ce n'est peut-être pas un hasard s'il les prend pour thème, additionnant l'histoire au tournage marocain et jordanien. Ce n'est pas non plus tous les jours qu'il obtient de collaborer avec des acteurs aussi prestigieux que Kidman, dont il soigne la féminité mais abuse du sourire.
Bien sûr, la photo est un point fort énorme. On a l'impression de redécouvrir sans cesse les dunes du Moyen-Orient, un sujet qui a pourtant fait défiler beaucoup de pellicule. Les jeux d'ombres dans le désert portent en eux-mêmes la poésie de tout un continent, le monde arabe… ou l'Aridie pour ne pas prendre de risque dans la dénomination. Et les couleurs se multiplient, et s'agitent et se mélangent comme une peinture animée qui nous fait dire que seule la dimension olfactive manque.
L'ambiance se construit comme ça, mais elle est malheureusement hâchée ; laissant un peu trop parler son sens documentaire, Herzog filme avec distraction ce qui pouvait servir d'illustration plutôt que d'image. Et l'avance dans le temps doit son émaillage de petits faits historiques aux didascalies encombrantes qui sont nécessaires pour que nous, spectateur, nous repérions dans le temps et l'espace. Une romance précipitée ne vient ajouter son grain de sel que parce que Kidman est toujours présente à l'écran, et qu'on la sent touchée des deux côtés de la caméra lorsque son intellect n'est pas dépeint par des accès de lucidité simplistes.
Au final, c'est un beau voyage, une exploration de l'Histoire qui prend le cordon désertique afro-eurasien dans un sens œcuménique et nouveau. Une ode au courage individuel venant s'immiscer dans les affaires internationales au temps d'une guerre qu'on disait pourtant Grande. Mais ce sont aussi des poèmes faits de personnages et de paysages sur lesquels on passe comme une rafale irrespectueuse, où les limites qui les séparent, au contraire des frontières administratives, paraissent malheureusement avoir le pouvoir sur l'écoulement naturel des grains sahariens, fussent-ils sur place ou à sablier. Queen of the Desert restera hélas un film visuel et rien d'autre.
Créée
le 4 févr. 2019
Critique lue 424 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Queen of the Desert
Film étrange de la part de Herzog. C'est-à-dire qu'on sent bien la volonté de faire un film dans la lignée des grands classiques, mais en même temps, le bougre conserve ses petites manies...
Par
le 27 avr. 2021
2 j'aime
À soixante-treize ans, Herzog n'en avait pas fini d'affronter les voyages. Ce n'est peut-être pas un hasard s'il les prend pour thème, additionnant l'histoire au tournage marocain et jordanien. Ce...
Par
le 4 févr. 2019
1 j'aime
On regrette avant tout le choix du rôle principal qui n'a rien de judicieux!
Par
le 23 mars 2021
Du même critique
Quand on m’a contacté pour me proposer de voir le film en avant-première, je suis parti avec de gros préjugés : je ne suis pas un grand fan du cinéma japonais, et encore moins de films d’horreur. En...
Par
le 26 oct. 2018
8 j'aime
(Pour un maximum d'éléments de contexte, voyez ma critique du premier tome.) Liu Cixin signe une ouverture qui a du mal à renouer avec son style, ce qui est le premier signe avant-coureur d'une...
Par
le 16 juil. 2018
8 j'aime
1
Si vous entendez dire qu'il y a Cluzet dans ce téléfilm, c'est vrai, mais attention, fiez-vous plutôt à l'affiche car son rôle n'est pas grand. L'œuvre est aussi modeste que son sujet ; Ledoyen porte...
Par
le 25 août 2018
7 j'aime
3