Des parcs éoliens désertiques aux ruelles et places bondées de Pampelune en pleine féria de la San Fermin, ce premier long-métrage de Diego Governatori nous invite à marcher sur les pas d’Aurélien Deschamps. Et il faut reconnaître que ce n’est pas de tout repos.
De prime abord, pourtant, rien ne distingue ce trentenaire, récemment diagnostiqué « autiste Asperger », des neurotypiques, si ce n’est peut-être un flot de paroles insatiable et une façon plutôt atypique de s’exprimer.
Devant la caméra de son ami réalisateur, Aurélien tente, avec des mots qui souvent cherchent leur chemin, d’expliquer sa différence ou ce qu'il appelle sa « folie ». Et il nous parle, par la même occasion, de la nôtre.
Cela donne des paroles sans filtre, des phrases parfois hésitantes, parfois fulgurantes qui sont alors comme des invitations à repenser la normalité, à réfléchir sur nos représentations ou nos mondes symboliques, si difficilement compréhensibles pour lui.
« La folie est rare chez les individus mais dans les groupes, les partis, les peuples ou les époques, c’est la règle », explique-t-il.
Comme le sont souvent les témoignages des Aspis, ce documentaire est une formidable porte d’entrée pour mieux comprendre le monde en Autistan. Je retiendrai notamment cette jolie formule, dont Aurélien semble être le spécialiste, qui pourrait résumer à elle seule ses difficultés d'adaptation : « l’autiste est un anthropologue de l’endroit où il est né ».
Portés, pour ne pas dire sublimés, par les images et le montage sonore du cinéaste, les mots d’Aurélien s’adressent alors non seulement à nos oreilles et à notre cerveau mais aussi à notre cœur.
Et c’est tout simplement très beau.