Quelle heure est-il ?, un leitmotiv et un motif dans la journée linéaire et non digressante d’un Scola peu scolaire et toujours friand d’amener le ton juste d’un monde auquel personne ne pense. Rien de plus banal pourtant qu’une journée entre père et fils, entre langue italienne et dialecte napolitain, où le naturel est la meilleure arme contre le non-dit et le malaise.
À travers la fausse assurance du fils (Massimo Troisi est d’ailleurs meilleur que son compère, mieux dans l’air du temps) qui se fissure quand son père (Mastroianni, le compère en question) voit qu’il est surtout joyeux quand il lui tourne le dos, et la propre curiosité attentive mais encombrante du père, c’est un dialogue sans trous qui s’installe, rythmé par ses blancs comme une vraie musique et sur un fond qui n’hésite pas, en-dehors d’un Mastroianni parfois un peu trop vieux jeu et d’une mise dans le bain qui force un peu la main, créant une atmosphère sonore à la fois trop belle et sporadique pour être raccord.
Au gré de pérégrénitions impeccables et d’une marche si réelle qu’on en oublie les pas au profit des paroles qu’ils soutiennent, c’est un duo sobre, parfois austère, qui fait de rares percées dans le film de genre d’une manière vaguement fragilisante, car elles nous font croire que le film est long et qu’on peut espérer quelque montée en puissance, mais non : les piques lancées sur l’un par l’autre sont comme absorbées, et les sentiments ont leur mèche mouillée par la pluie qu’on ne voit jamais mais qui recouvre le sol de la ville.
C’est un peu ça, l’heure qu’il est : une pluie qu’on a ratée et dont le seul témoin de la chute demeure sous la forme d’un voile scintillant sur le plancher des choses simples.
Quantième Art