Oui, évidemment que le film n'est pas le meilleur film de 2002 (surtout avec cette année-là). Bien sûr, la cohabitation de deux personnages que tout oppose et qui finissent par se réconcilier, on a encore vu ce schéma-là la semaine dernière sur Netflix. Assurément, on est pas dans l'hilarité jusqu'au bout, cette comédie n'est pas restée dans les annales. Je n'y aurai sans doute jamais fait attention si je l'avais pas récupéré pendant un déménagement.
Mais, voilà.
J'aime quand même beaucoup ce film.
J'aime beaucoup ce duo. Alors que j'aime pas Patrick Timsit d'ordinaire, énigme des années 2000 comme il y en a tant eu. J'aime ce duo, parce que Timsit parvient quand même à créer un personnage attachant, qui utilise son physique comme d'un levier de gags à lui seul. Et puis José Garcia... Un monstre dans ce film. Bouillonnant d'énergie et de charismes, balançant des punchlines à volo avec toujours autant de puissance comique, il aurait mérité de devenir un personnage culte. Ensemble, malgré que l'on connaisse le schéma, je trouve que l'évolution relationnel a été bien traitée, car il y a tout le long des avancées et des reculs (jusqu'à sa dernière partie, où effectivement ça se stabilise et c'est dommage). Il reste une certaine incertitude sur les biens fondés, et je pense qu'ils ont résisté à la tentation de faire crever l'abcès pour passer directement au côté "solidaire" ; il n'y a pas de crevaison d'abcès, il n'y a pas de bons sentiments dits.
J'aime beaucoup la réal et le scénario, malgré les clichés. Pas seulement parce qu'il y a Dinard. Parce que le film n'est pas une ode à la famille ou aux "contraires qui s'attirent" : c'est une célébration de la vie, jusque dans les excès. Avant d'être deux personnes qui s'opposent, ce sont deux modes de vie, qui finissent par se renverser puis s'inverser, sans forcément que l'un des deux s'en aperçoive. Et j'ai trouvé cet aspect très réussi dans le film aussi, parce que la direction d'acteur, parce que l'usage de la voiture qui relie les points narratifs, parce que la BO diégétique (une adaptation house de Baudelaire, en boite de nuit, alors que Timsit s'approche de sa fin, si ça c'est pas de la belle idée), parce que rien n'est gratuit. Bien sûr que le découpage technique est très basique, mais bien sûr aussi que tous les décors racontent quelque chose sur les personnages qui s'y présentent. Et tous les rôles secondaires, même ceux les moins présents comme le vieux Dédé, sont marquants ; pas juste parce qu'ils peuvent faire rire, mais parce qu'ils sont l'archétype d'une figure que nous avons tous côtoyé, et qui participe à leur façon, à leur humble manière, à la célébration de la vie que veut être "Quelqu'un de bien". Inutile de dire que le personnage de Marie est un propos à lui seul, et le seul pilier du film.
J'aime beaucoup le charme que dégage le film, tout simplement. Il a du pep's, c'est pas une comédie à la con, y'a la Bretagne derrière. Mais je crois que ce que je préfère par dessus-tout, c'est qu'il a conscience de son statut. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de comédies françaises qui se prennent au sérieux, plus ou moins explicitement, en insistant sur leurs sujets de société, leurs morales ou sur leur volonté de devenir culte (comme en répétant lourdement des répliques, par exemple). "Quelqu'un de bien" n'a rien d'autre à revendiquer que d'aimer : il se torche avec la société et promulgue la baise, la picole et le voyage ; il n'a aucune autre morale que chercher la réconciliation ; José Garcia n'a pas besoin de répéter son "Oh-oh-oh touchééééé" pour que je la ressorte en soirée (sans que personne n'ait la rèf bien sûr). Elle n'a aucune prétention. En ces temps égotiques, personnellement, ça me fait l'effet d'un grand vent frais. Alors, je suis proprement diverti. Ca reste la mission n°1 des comédies, pas vrai ? Pour moi, ce film atteint cet objectif.