C'est par sa musique que je suis venu à ce film. L'immense John Barry m'avait émerveillé avec cette bande originale, découverte au débotté. Déjà j'entrapercevais le lyrisme et le romantisme du film et je me figurais la beauté subjuguante, les sentiments merveilleux, l'exaltation la plus jubilatoire que j'éprouverais en le visionnant.
Mais quelle fut ma déception. Le film n'avait pas la hauteur de sa musique. L'immédiate beauté de la mélodie se heurtait au scénario laborieux, aux dialogues mièvres et à la réalisation vieillotte. Je croyais encore que la musique le sauverait mais non. Le film multipliait les maladresses, butait sur presque chaque scène. Rien que le genre est une vraie gageure : fantastique-romantique, double thématique casse gueule, l'amour et le voyage dans le temps.
Seule chose qui semblait coller au parfaitement au film, le thème principal de la musique, enivrant, entêtant, à l'image de cet amour impossible, de cet homme insistant tombé amoureux d'une femme sur une photographie et revenu dans le passé pour vivre cet amour .
Il manque une chose finalement à ce film pour parvenir à mieux effleurer son sujet, du temps, c'est cocasse pour un long métrage dont c'est le sujet. Trop court, trop précipité, il ne prend pas le temps de développer les motivations de ces personnages et est obligé de faire des dialogues insipides et patauds où entre deux répliques les personnages tombent éperdument amoureux. Ce qui devrait prendre deux voire trois heures à s'installer le film l'expédie en une heure quarante.
A cela s'ajoute le voyage dans le temps, dont les mécanismes sont complexes à expliquer en si peu de temps. Si le film évite les gros écueils temporels, les paradoxes les plus énormes, il demeure comme toujours ambiguë. Ainsi il suffit de se figurer le passé pour voyager dans ce passé. Simple comme bonjour.
Au cinéma cela peut se faire mais ce type de procédé est finalement profondément littéraire et ce n'est pas un hasard si le film est une adaptation d'un roman. La mise en scène ne peut être qu'en miroir, qu'en symbolique, oscillant entre passé et présent. C'est d'ailleurs une des réussites du film : on ne sait plus tellement ce qui est du présent ou du passé, du réel ou de l'irréel. La caméra a une patine vieillotte, est-ce volontaire, je l'ignore, mais la lumière diaphane, palote éclaire une des thématiques du film : la mort. Car comme dans toute romance, où l'amour impossible est absolu, la mort rôde. La fin, très émouvante le montre. Revenir dans le passé pour aimer une femme qui elle même le dernier jour de sa vie vient voir le jeune homme pour l'inciter à venir dans le passé la retrouver, c'est s'enfermer dans une boucle temporelle et donc dans la mort.
Sur les bords d'un lac et sur la terrasse d'un hôtel luxueux, - décors et costumes sont une réussite - comme dans Mort à Venise, le personnage principal vit sa quête de beauté à l'ombre de la mort. Comme dans Gatsby il avance, "barques à contre-courant, sans cesse ramenés vers le passé." Mais le film ne fait que l'effleurer. Il reste superficiel, une photographie, un peu fade et un peu mièvre. La romance fait penser à celle de Titanic et d'ailleurs elle se passe la même année - coïncidence ? je ne crois pas. Seulement Titanic a une dramaturgie solide et prend le temps d'installer ses personnages malgré sa naïveté.
Reste alors la musique, pour se figurer la beauté dont ce film aurait pu se draper. Reste la musique de John Barry pour se faire une idée de ce qu'amour veut dire. En quelques notes la musique parvient à dire plus sur le sujet que le film en une heure et quelques. C'est tout le problème, et probablement la limite du cinéma par rapport à la musique. Le premier nécessite explication, explicitation, la seconde n'a qu'à s'éprouver. Finalement ce n'est pas peut-être pas une simple question de temps.