Quand on parle du cinéaste franco-américain Jeannot Szwarc, il est généralement difficile de conserver un semblant de sérieux. Pensez-donc, le bonhomme est tout de même coupable de bandes aussi inoubliables que Supergirl, La vengeance d'une blonde, Les soeurs Soleil ou encore Hercule et Sherlock. Que du lourd. Pourtant, en plus d'avoir livré une suite plus que correct à l'intouchable Jaws, le réalisateur aura tourné un très joli mélo en 1980, Quelque part dans le temps.
Tiré d'un roman de Richard Matheson, qui signe lui-même l'adaptation, et récompensé par de nombreux prix à sa sortie, Quelque part dans le temps peut faire sourire aujourd'hui et nombre de spectateurs le considèrent encore comme un navet à l'eau de rose à peine digne d'une collection Harlequin. Il est vrai que le film reste bien inoffensif et met un certain temps à démarrer.
Pour autant, il émane de ce joli petit film un charme certain, presque suranné. S'il manque clairement la vision d'un véritable cinéaste, Jeannot Szwarc s'en tire efficacement sur ce coup, bien aidé il faut le dire par la photographie absolument somptueuse de Isidore Mankofsky et par la musique de John Barry.
Utilisant son argument fantastique avec parcimonie, Quelque part dans le temps est avant tout une romance touchante et d'un romantisme fracassant, tout autant qu'une belle histoire d'émancipation qui n'est pas sans annoncer un certain Titanic. Portée par le charme indéniable du couple Christopher Reeve / Jane Seymour, cette love story hors du commun représente le coeur d'une bluette certes naïve mais capable d'une émotion à vous fendre le coeur, à l'image d'un final sacrément émouvant.
Doux mélange d'amours passionnelles et de science-fiction, Quelque part dans le temps est un magnifique livre d'image aussi beau qu'attachant, empreint d'une profonde tristesse, qui demandera cependant à son audience la crédulité d'une gamine de huit ans.