Le film est en deux parties. je vais garder cette organisation pour ma critique.

Première partie.
Ilya Ilytch Oblomov est un de ces propriétaires terriens caractéristiques de la féodalité russe. Il n'habite pas sur ses terres, mais dans un appartement pétersbourgeois où il passe ses journées couché sur le canapé. Il ne fait strictement rien, à part s'engueuler avec son vieux serviteur irascible, Zakhar. Pire, il fuit toute prise de décision et est un fervent adepte de la politique de l'autruche. Le propriétaire de son appartement veut le chasser ? Oblomov ordonne qu'on ne lui en parle même pas, comme si taire la chose la ferait disparaître. Ses terres rapportent de moins en moins ? Il s'endort en songeant à une réforme et en espérant qu'elle se réalisera toute seule.
Cette première partie est un joyeux mélange entre Molière et Tchékov. Comédie à la fois satirique et mélancolique, c'est le portrait assez drôle d'un personnage puéril mais où on sent des profondeurs cachées. La narration de Mikhalkov permet d'instaurer une distanciation ironique (par les regards, les gestes, les mimiques, la musique, les mouvements de caméra même). Mais, au détour d'une réflexion ou d'une rêverie, on entrevoit la profondeur psychologique du personnage : Oblomov n'est pas une caricature, c'est un véritable caractère.
Une des grandes forces de cette première partie, ce sont les retours en arrière. Oblomov songe à son enfance et Mikhalkov nous montre ces souvenirs d'une période bénie, heureuse, illuminée, où le petit Ilya a grandi dans l'amour lumineux de sa mère.
Cette première partie commence par une demi-heure dans un huis-clos qui n'est pas totalement maîtrisé. C'est peut-être le seul véritable défaut de ce film, dont la seconde partie se révélera exceptionnelle.

Seconde Partie.
Cette partie est construite quasiment en opposition à la première.Oblomov passe quatre mois à la campagne, dans une datcha, aux côtés d'Olga, dont il est follement amoureux. Un amour qui va littéralement le transformer.
Et transformer le film. Nous sommes presque dans une œuvre différente. La campagne a succédé à la ville, l'été a succédé à l'hiver, et Oblomov passe ses journées en extérieur, à marcher, courir et surtout compter fleurette. Les flashbacks ont presque disparu. Et l'ambiance a complètement changé.
Cette seconde partie m'a fait beaucoup penser au Miroir, de Tarkovski. Rapport à la femme, à la mère et à la nature, le film se révèle alors sensible, émouvant et poétique. La naissance de l'amour et la force des sentiments se mêlent à une évocation lyrique et sensuelle de la nature.

En conclusion, un film subtil, remarquablement écrit et réalisé avec une finesse rare, qui propose à ses spectateurs une riche palette de sentiments, des personnages attachants et de superbes images de la campagne russe. ça vaudrait presque un 10, n'étaient quelques légers défauts au démarrage.
SanFelice
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le 6 févr. 2013

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SanFelice

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