A travers la vie ratée du personnage central, Oblomov, c'est de la paresse et de la peur de vivre dont nous parle Mikhalkov. Le sujet n'est pas si fréquent. Tout oppose Oblomov, aristocrate timide, vivant pauvrement d'une rente qui s'étiole à vue d'oeuil, et son vieil ami Stoltz, homme d'affaire voyageur et séducteur, tout les oppose, si ce n'est une amitié indéfectible héritée de l'enfance. Mais l'amour d'une femme, Olga, cristallisera leur irrémédiable altérité.
Ces deux personnages incarnent parfaitement l'opposition vie sociale/intériorité, succès/intégrité et ce film les met merveilleusement en scène. Avec beaucoup d'humour (relation entre Oblomov et son domestique, Zakahr, réparation du perron dans la propriété familiale..!), avec une finesse psychologique indéniable (amours de Olga et Oblomov, épisode de la "trahison"), et une musique inoubliable (bien sur la bande originale d'artemiev, superbe, mais aussi le morceau final de Rachmaninov). Comme souvent chez Mikhalkov, le tout est baigné d'une grande tendresse, ce qui donne à son film un pouvoir d'attachement sans précédent.