Quelques messieurs trop tranquilles par Alligator
Voilà le type de films que je voyais plus drôles et mieux fichus dans ma mémoire et qui engendrent donc lors de la revoyure une légère déception. La trame scénaristique avait pourtant une petite gueule sympathique. D'abord un village tranquille, trop, et vite perturbé par l'arrivée massive d'hippies, décidément une faune récurrente chez Lautner. Par dessus ce canevas peu original mais toujours piquant, se développe une trame approximativement policière avec un crime et des gangsters venus chercher un butin caché depuis belle lurette. Schmilblick qui aurait pu être explosif. L'absence de dynamisme est sans doute en grande partie engendrée par la faiblesse des dialogues de Jean-Marie Poiré. Dommage qu'Audiard fut trop surchargé de projets pour accepter celui-ci.
Encore une fois Lautner décore beaucoup son film, étouffant le rythme que l'action lui insuffle par moments. Ces parures diverses ne sont pas à proprement parler hideuses, bien au contraire : je suis encore subjugué par une des plus belles paires de seins jamais vues ever, mais il n'empêche que le tempo en prend de sacrés coups.
Alors tout repose finalement sur les acteurs et c'est vrai que certains sont excellents. Je vais sans aucun doute passer pour un malade mental, mais j'ai trouvé Paul Préboist très bon dans son rôle de paysan réac. J'irais même jusqu'à dire que Jean Lefebvre joue juste, sans les fioritures et excès dont il se repaît trop souvent par ailleurs. Galabru me plait beaucoup. Quand je vois ces trois-là dans ce film, je me dis que cette génération de nanaristes franchouillards avaient tout de même une bonne dose de talent. Oui, le mot est laché. Talent perceptible jusque dans ce petit film.
Tous ne sont pas enchanteurs, loin s'en faut : Renée Saint Cyr par exemple ne m'a rien inspiré du tout. André Pousse m'a paru même mauvais.
Dani, Guybet, Miou-Miou ou l'américain Charles Southwood font la job. Bordel, que Miou-Miou est jeune! Ses traits sont si juvéniles, lisses, que c'en est presque une autre personne. Drôle d'effet.
J'ai été surpris en découvrant qu'on devait la bande musicale rock péchue à Pierre Bachelet. Sont loins les corons.
Sinon, si les gags laissent froid -j'aime bien cependant le gimmick de Galabru sur les gamins, je crois que c'est le seul truc qui m'a fait sourire- j'ai une sorte d'affection pour ce genre d'histoires où des communautés très différentes et a priori hostiles se donnent la main. Mon côté fleur bleue, rose, vert pâle, jaune doré. Tolérance et humanisme en quelque sorte ne me laissent pas indifférent. Le traitement est un peu sommaire, mais le coeur y est. Je pense que Lautner part d'une bonne intention -je ne connais pas la teneur du roman adapté "La nuit des grands chiens malades"- et puis se perd un peu dans ses impératifs manouvriers : du téton dansant, de la cascade à tuture, du crayon gras sur les mots, les personnages et les situations.