Pfiouuu !


Conor vit avec sa mère atteinte d’une maladie grave dont on comprend qu’elle va bientôt la faucher. Un soir, un monstre vient le chercher en lui indiquant qu’il va lui conter trois histoires dans les jours à venir et qu’à l’issue de ces instants « Père Castor » ce sera à lui de lui raconter l’histoire réelle et honnête de son cauchemar.


Je ne savais pas spécialement à quoi m’attendre quand j’ai commencé le film, ça traînait juste dans mes envies. De base quand il y a des histoires de maladies, d’enfants pas contents, etc., je ne suis pas des masses emballée. (toujours peur de la mièvrerie)

Pourtant je crois que je commence à vraiment développer une sensibilité pour les films qui réunissent les caractéristiques suivantes : enfance/pré-adolescence ; imaginaire ; drame. C’est souvent doux, subtile, innocent, et touchant.

Au début je n’accrochais pas trop au petit, pas suffisamment convaincant dans l’énervement, ni à la mère parce qu’elle faisait jeune et je ne percevais pas tant sa maladie, quant à la première apparition du monstre, elle m’a laissée dubitative.

Mais dès que la première histoire a commencé j’étais dedans. C’était très bien rythmé l’alternance entre les histoires et les retours à la réalité. J’ai adoré le style de l’animation des histoires et les « morales », le rapport à l’imaginaire et même celui au dessin. Le final sur l’issue du cauchemar de Conor m’a dévastée. Je trouve le traitement des sentiments par rapport à la maladie progressive d’un proche très juste, pudique et réaliste (à tout le moins je me suis retrouvée dedans).

En plus de cette vérité déchirante et parfois culpabilisante qui éclate ça m’a rappelé celle qui vient après : le fait que la vie continue et que le temps passe et que toute cette douleur n’a réellement de sens que pour soi-même, chacun la vivant intimement à sa manière. Le drame de Conor c’est aussi celui de sa mère, de son père et de sa grand-mère mais ça ne rend pas la chose moins solitaire. La notion d’invisibilité aussi était si vraie.

Là où le film apporte un supplément pour ma part c’est dans le fait que je ne fais pas partie de ces gens qui peuvent dire « j’y pense tous les jours de ma vie » malgré le fait que ce soit ce qui est attendu comme preuve d’amour pour le défunt (idée que je respecte et emmerde). Mais du coup quand je tombe sur ce genre de film ça replonge dans toute la douleur de manière tellement intense que ça permet de revivre un peu cette tristesse qui n’est pas quotidienne. Parfois ça fait du bien de sentir qu’elle est toujours là et du coup l’écho que provoque le film est le bienvenu, un hommage à la mémoire du parent décédé j’imagine en un sens, style « vu comme j’ai mal c’est que t’as bien existé et que t’as compté pour moi ». Bref, une tristesse intense, sereine, solitaire et presque agréable. C’est pour ça que c’est dramatique sans être déprimant, juste beau au final.

A la fin du film je n’ai eu que l’envie de finir de chialer ma race, de penser, de prendre une douche bien chaude, me faire un masque (parce qu’on reste toujours girly xdlol^^) et de me faire un chocolat chaud avec du Nesquick périmé depuis plusieurs mois. Et c’était un vrai bon moment qui m'a épuisée.


Je n’ai pas approfondi la réflexion sur le fait que la voix du monstre soit assurée par Liam Neeson qui semble également être le grand-père sur les photos ; pareil pour le fait que les histoires du monstre et ce dernier aient été dessinés par le passé par la mère de Conor. Y a peut-être une dimension à l’histoire qui s’ajoute mais je n’ai pas ressenti le besoin de m’appesantir sur ce que ça pourrait impliquer.

GirlNumberTwo
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il y a 3 jours

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