Un tigre de papier
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Curieusement... c'est pas mauvais.
Pourquoi curieusement ? Je sais même pas, en fait, pourquoi je dis ça. Un des rares films que j'avais zappés dans la filmo de Kurosawa. J'avais toujours eu le pressentiment d'un film très mineur au milieu d'une période très inégale pour l'auteur.
Alors mineur il l'est sans doute un peu, si on s'amuse à le comparer aux sommets atteints par cette filmographie. Mais... curieusement, c'est pas mauvais.
Ah ! Voilà que je recommence !
C'est bourré d'idées. La narration par les chants empruntée au kabuki fonctionne du feu de dieu, ce goût pour le chant m'avait déjà frappé dans Le plus beau. Le montage du rire des samouraïs en réponse à un propos du porteur est assez incroyable.
Le porteur, lui, incarne l'explicite, tout en excès théâtraux, figure qu'on retrouvera souvent chez Kurosawa (Kikuchiyo !). Il est un point de pivot pour le spectateur, un phare dans la nuit du non-dit. En fait, par le porteur est matérialisée la narration émotionnelle, et par les chants la narration factuelle. L'ensemble des deux constitue une forme de voix off expressionniste et physique.
Ne pourrait-on pas justement reprocher trop d'explicite ? Chez Kurosawa, souvent, oui, surtout dans sa première moitié de carrière... mais dans ce film-là, pour une raison mystique, ça passe crème, ce n'est pas du tout destructeur, au contraire ça fait partie du jeu. Parce que fuck le non-dit, kabuki all the way, on y va à fond dans cette esthétique, c'est la fête.
Nan le seul truc que j'aurais envie de reprocher à ce film c'est l'immobilité des plans. Cinéaste du mouvement qu'il est, il m'a habitué à plus vivant, plus multi-couches. Du « théâtre filmé » (avec des guillemets gigantesques, vous m'avez compris) il en refera avec les Bas-fonds (encore des chants !), où il corrigera ce défaut. Mais en l'état, ouais, les hommes qui marchèrent sur la queue du tigre... ça bouge pas beaucoup. Les compositions sont plates, manquent de profondeur, d'énergie, de vent, de vie, sont en deux dimensions pour ainsi dire. C'est épuré quand ça appellerait un peu plus de baroque.
Néanmoins ça reste très plaisant. C'est court, agréable, plein d'idées, le conte fait son œuvre.
Maintenant, Akira, je ne peux pas m'empêcher de te le demander : l'oriflamme des Sept Samouraïs a-t-il un quelconque lien avec les pompons des yamabushi ?
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Créée
le 29 mars 2023
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