Certains vous diront que les films d’action sud-coréens, c’était mieux avant. Au temps des cascades en filins, ou celui des fusillades urbaines, tout dépend de l’interlocuteur. Au tournant des années 2000, le genre s’est tourné vers la débauche d’effets spéciaux numérique, comme si elle s’autorisait à ce qu’elle ne pouvait faire avant. Des films qui préviligient l’esbroufe visuelle aux personnages. Comme Quick.
« Le jeune Han Ki-su, motard talentueux et ex-leader d'un groupe de bikers, est désormais coursier/chauffeur à Séoul. Ses capacités de conducteur et son amour de la vitesse le rendent évidemment très populaire et lui permettent de gagner correctement sa vie. Il mène ainsi une existence effrénée jusqu'au jour où il doit amener une jeune chanteuse, Ah-rom, à son concert. Cette dernière se révèle être une ancienne conquête [Chun-shim], particulièrement rancunière pour la façon dont il l'a traité six ans auparavant !
La situation se complique encore lorsqu'il reçoit un appel : un mystérieux interlocuteur lui ordonne de livrer trois paquets, avec un délai de 30 minutes pour chaque livraison. Si Ki-su dépasse ce temps ou si Ah-rom tente d'enlever le casque truffé d'explosifs, ils mourront... »
Nous dit Wikipédia.
Les liaisons entre les personnages sont au plus simples, entre rivalités, sentiments amoureux et menaces. Celle entre Han Ki-su sera la plus développée, puisqu’ils se retrouvent ensemble pris au piège d’une conspiration qui leur échappe et qu’ils ont un passif ensemble. L’ébauche d’une réflexion sur les conséquences des actes, entre la raison pour laquelle Ki-su a été choisi et pourquoi il avait quitté Chun-shim, est délaissée dans le premier cas, et retourné dans le second cas, dans un bel élan de miévrerie.
Ce qui est plus intéressant, c’est la vitesse et l’action, des cascades et des explosions, et le titre en est garni. Avec des effets spéciaux à l’ancienne, et une bonne surcouche d’effets numériques. A quelques rares exemples, cela se ressent, mais, en règles générales, tout se fond agréablement bien, surtout au vu des scènes utilisées, au profit du spectacle plutôt que la crédibilité. Le film ne fait pas n’importe quoi, il ne s’agit pas de faire atterrir un tank, mais il a ce petit côté over-the-top pour faire briller les yeux des spectateurs.
En faire une énumération pourrait prendre du temps, mais parmi celles les plus réussies, il faut saluer une scène sur l’autoroute ponctuée de bonbonnes de gaz, une course sur les toits en moto, un combat dans un train ou un passage simple mais réussi dans un tunnel. Toutes ne sont pas forcément développées pendant une dizaine de minutes, certaines peuvent êtres très brèves tout en étant très efficaces.
Le film est à ce point fier de ses cascades, qu’il nous présente les accidents de tournage lors de son générique. C’est une tradition du cinéma sud-coréen, Jackie Chan le faisait. Mais qui nous échappe un peu, quand il s’agit de montrer les éraflures et autres jambes cassées. Le voile du cinéma semble se lever pour mieux nous montrer la réalité.
Alors qu’on pourrait croire que le film déborde de testostérone, le film se ménage aussi des moments plus calmes et reposés. Si l’enquête policière qui tente de comprendre les agissements de Han Ki-su est vaguement distrayante, la faute à des complications scénaristiques superflues, suivre les différents policiers est assez agréable, grâce à la différence de caractère entre le chef stric, l’inspecteur dépassé ou le troufion qui a un passif avec Han Ki-su, la caution comique du film, petit voyou maladroit. De vrais moments de calme sont bien présents et bien placés. Ils permettent aux personnages d’obtenir un peu plus de place. Ce sont des bouffées d’air, avant de rebondir sur une autre situation.
Quick est un film bien troussé, qui ne sort que peu de sa ligne de conduite, aller vite et loin, dans un spectacle toujours renouvelé. Son histoire et ses personnages, sont en retraits mais ne sont pas oubliés, dont le principal intérêt est d’accorder une pointe d’humour au film qui, sans ça, se montrerait bien trop sérieux et aride entre ses scènes d’action. C’est un film pop-corn, assez réussi dans ce créneau, porté par une bande-son, une fois encore formidable, de Dalparan (l’excellente OST de Le Bon, la Brute et le Cinglé).